NEW YORK - Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Lynn Pascoe, a affirmé lundi que les pays du golfe de Guinée avaient besoin d'un ‘‘front uni'' afin de répondre de manière efficace à la menace grandissante de la piraterie le long de leurs côtes. Intervenant devant le Conseil de sécurité lors d'une réunion consacrée à ce fléau, M. Pascoe a souligné que la piraterie ‘‘est devenue de plus en plus alarmante alors que les pirates sont devenus de plus en plus violents''. Lors du débat, plusieurs pays ont déclaré appuyer un projet de résolution en cours d'examen par le Conseil de sécurité et préparé par le Togo qui préside actuellement cet organe de décision de l'ONU. Pour le ministre togolais des Affaires étrangères, M. Elliot Ohin, cette seconde résolution que le Conseil de sécurité s'apprête à adopter témoigne de l'engagement de l'ONU et de toute la communauté internationale à s'impliquer résolument dans la lutte, aux côtés des Etats du golfe de Guinée, contre la piraterie maritime. Pour leur part, de nombreux pays ont appuyé devant le Conseil de sécurité les recommandations formulées par la mission d'évaluation chargée par le Secrétaire général de l'ONU d'apporter des réponses nationales et régionales à la menace de la piraterie dans le golfe de Guinée. Cette mission d'évaluation a jugé de ‘‘la plus haute importance'' que l'ONU collabore avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée en vue de convoquer un sommet commun des trois organisations, préconisé par le Conseil pour servir de cadre à l'élaboration d'une stratégie globale de lutte contre la piraterie dans la région. La mission d'évaluation s'était rendue en novembre dernier au Bénin, au Nigéria, au Gabon et en Angola. Le Directeur de la Commission des affaires politiques de la CEDEAO, Abdelfettah Moussa, a manifesté son inquiétude face à la dégradation d'une situation sécuritaire déjà fragile dans l'espace de la CEDEAO ''en raison d'une part, de la résurgence des rébellions et du banditisme, de la dégradation de la sécurité alimentaire dans le Sahel et d'autre part, de l'augmentation de la piraterie et des activités illicites qui y sont associées dans le golfe de Guinée''. Il a expliqué que ces développements minaient sérieusement les gains obtenus ces 10 dernières années s'agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Selon lui, la piraterie exacerbe la corruption, la radicalisation de la jeunesse, l'instabilité politique et les différends liés aux frontières maritimes, et a fait savoir que le golfe de Guinée est une région qui va doubler sa production pétrolière dans la décennie à venir, pour la porter de 4 millions à 8 millions de barils par jour, grâce à des réserves estimées à 14 milliards de barils, ce qui fera augmenter les risques de piraterie si rien n'est fait pour combattre ce fléau. La représentante des Etats-Unis, Mme Susan Rice, a affirmé, quant à elle, que la piraterie dans le golfe de Guinée nécessitait la mobilisation régionale la plus forte possible, avec le soutien de la communauté internationale. La situation s'est aggravée, a-t-elle constaté, ajoutant que l'impact sur les économies locales était très fort et a appelé à la nécessité d'élaborer une stratégie concertée, arguant qu'aucun pays ne peut lutter seul contre ce phénomène. Préconisant une approche régionale, Mme Rice a rappelé également l'importance d'un sommet des chefs d'Etat de la région en vue d'élaborer une réaction commune. La représentante du Nigeria, Mme Joy Ogwu, a affirmé que le coût de la piraterie sur les économies locales est exorbitant, précisant que la perte annuelle de deux milliards de dollars est un prix trop élevé à payer pour des pays dans des situations de transition post conflit. Les investissements futurs dans l'industrie pétrolière ouest africaine sont exposés à un danger clair, a-t-elle prévenu.