Les participants à l'atelier technique sur la migration ont insisté, mardi au terme de leurs travaux à Biskra, sur la dimension humanitaire de ce phénomène et sur la coopération internationale pour son traitement. Le thème de la rencontre, tenue au musée régional de la wilaya VI historique, en l'occurrence, "Pour une vision humanitaire du phénomène migratoire", a été examiné au niveau de deux groupes de travail qui ont réuni des experts et des juristes algériens et internationaux, chargés d'élaborer les recommandations. Les membres du premier groupe, en charge de "la détermination des besoins en terme d'aide et protection des migrants" ont mis en exergue "la grande complexité du phénomène de la migration qui ne peut être contenu par des mesures répressives et sécuritaires, mais saisi en tant que réalité humaine devant être traitée dans le cadre du respect des droits de l'homme et de sa dignité". Le groupe a également recommandé "le renforcement des coopérations bilatérale, régionale et internationale pour endiguer la migration clandestine, dans le cadre de la responsabilité partagée entre les pays d'origine, les pays de transit et les pays d'accueil", et "l'engagement de programmes de développement au bénéfice des pays pauvres, sources des flux migratoires, en ciblant directement les ménages". Il a été également appelé à l'élaboration d'une banque de données sur les migrants, leurs familles, le bannissement des mesures discriminatoires basées sur la race, l'ethnie ou la religion et au refus de la haine de l'autre afin d'éviter que les migrants ne tombent entre les mains des groupes criminels. Le second groupe de travail réuni autour du thème "Elaboration de solutions et plans d'aide aux migrants en coordination avec la société civile'' a proposé des programmes d'aide au retour des migrants, mettant notamment en garde contre les périls de la migration clandestine et les risques liés aux organisations criminelles spécialisées dans la traite des femmes, des enfants et le trafic d'organes humains. Les participants ont également insisté sur "la conclusion d'accords avec les pays sources" pour assurer le retour des migrants "sans qu'ils ne risquent de faire objet d'oppression de la part de leurs gouvernements". Les participants ont également recommandé la création de bureaux de lutte contre le travail au noir des migrants et l'intensification du rôle des organisations non gouvernementales des droits de l'homme dans le contrôle des sites de regroupements des migrants pour l'élaboration de rapports sur l'état de protection de leurs droits. Les intervenants ont aussi plaidé pour un "élargissement de la concertation sur le phénomène à l'ensemble des organisations gouvernementales et non gouvernementales activant dans le domaine de la protection des droits de l'homme, les acteurs de la société civile et les Institutions concernées à l'échelle nationale et internationale". Alice Sironi de l'Union des juristes italiens pour la défense des droits de l'homme a estimé que la catégorie fragile des migrants, qui compte des mineurs, des femmes enceintes, des enfants, des handicapés et des victimes de violences, a besoin d'assistance médicale. Les Etats, selon elle, "doivent s'engager à protéger la dignité de toutes les personnes, conformément à la déclaration des droits de l'homme". Le chercheur algérien Mohamed Saïd Musette, du Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD), a souligné, de son côté, que l'Algérie a consenti des "efforts importants" pour satisfaire aux critères internationaux en matière de protection des droits des migrants et de leurs familles, loin de toute forme de discrimination. Il a également estimé que "l'Algérie ne sera pas un centre d'attente, encore moins un gendarme au service de l'Europe dans la région", et souligné que le phénomène, pour être traité, "exige la coopération de l'ensemble des parties". "Si l'Europe fait face au seul problème de migration, ce problème est double pour l'Algérie qui est à la fois un pays source et un pays d'accueil pour les flux migratoire", a-t-il relevé. Cet atelier a été organisé à l'initiative de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNPPDH), en collaboration avec le Conseil italien pour les réfugiés (CIR), l'Union des juristes italiens pour la défense des droits de l'homme et l'Académie de la société civile (ASCA) de Biskra.