La Ligue arabe a appelé vendredi Damas à répondre favorablement au plan proposé par l'émissaire international Kofi Annan qui prévoit un arrêt des violences en Syrie avant le 10 avril et un retrait de l'armée des villes. "La mise en œuvre de ce plan est de nature à éviter la mort de davantage de civils innocents et une dérive de la situation vers l'inconnu", a souligné le secrétaire général adjoint de l'organisation, Ahmed Benhelli dans des déclarations à la presse. Il a précisé qu'il existe encore de l'espoir pour trouver une solution à cette crise qui a ensanglanté le pays depuis plus d'un an, émettant le souhait de voir la mission de l'émissaire international couronnée de succès. Le diplomate a souligné que l'arrêt des violences et le cessez-le-feu constitueront un prélude à la mise en place d'une mission de maintien de paix, dans la perspective de trouver une solution définitive à la crise syrienne. M. Benhelli a rappelé que le sommet arabe de Bagdad a souligné l'attachement à une solution politique et au dialogue national entre opposition et pouvoir en Syrie et réitéré le rejet de toute ingérence étrangère dans la crise qui secoue ce pays depuis plus d'un an. Ce sommet, a-t-il ajouté, a également souligné l'attachement aux résolutions pertinentes de la Ligue arabe et à la mission de l'Envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Les pays arabes avaient aussi exprimé le "soutien total aux aspirations et revendications légitimes du peuple syrien à la liberté, à la démocratie et à son droit de disposer de son avenir ainsi qu'à l'alternance pacifique au pouvoir" et condamne les actes de violence et de tuerie, tout en appelant à l'arrêt de l'effusion du sang. Lundi dernier au conseil de sécurité de l'ONU, l'émissaire international avait indiqué que Damas avait accepté de commencer à mettre en œuvre son plan de paix avant le 10 avril, mais cette annonce a aussitôt suscité le "scepticisme" des Etats-Unis. Le régime du président syrien Bachar Al-Assad a promis à Kofi Annan d'entamer "immédiatement" un désengagement militaire de façon à l'avoir terminé le 10 avril, selon l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice, dont le pays préside le conseil en avril. Ces promesses sont contenues dans une lettre adressée dimanche à Kofi Annan par le ministère syrien des Affaires étrangères. Ce plan stipule que "les forces syriennes commenceront immédiatement" à prendre des mesures consistant à "mettre fin à toute avancée et à toute utilisation d'armes lourdes et se retirer des centres de population". M. Annan, qui s'adressait depuis Genève au conseil de sécurité réuni à huis clos à New York, a indiqué qu'il espérait avoir "très vite" des réponses de Damas sur d'autres demandes formulées dans son plan, dont l'aide humanitaire à la population, la libre circulation des journalistes et le dialogue politique entre pouvoir et opposition. Pour sa part, les autorités syriennes n'ont mis "aucune condition préalable" à leur accord, a-t-elle indiqué. Susan Rice a toutefois souligné que les Etats-Unis étaient, "par expérience", "sceptiques" sur la volonté du régime syrien de tenir ses promesses, ajoutant que Washington craignait "une escalade des violences" dans les prochains jours. Kofi Annan a demandé aussi au conseil de sécurité d'envisager le déploiement d'une mission d'observateurs pour surveiller la cessation des hostilités. La Syrie est secouée depuis plus d'un an par un mouvement de contestation qui s'est militarisé au fil des mois. Les violences ont fait plus de 9.000 morts selon un nouveau bilan fourni par les Nations-Unies. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG, avance pour sa part le chiffre de 1.000 personnes tuées, dont 7.056 civils.