La Directrice générale de l'Unesco, Mme Irina Bokova, s'est alarmée lundi du sort du patrimoine culturel inestimable de Tombouctou, au Mali, site du patrimoine mondial, suite aux informations indiquant que des lieux abritant des milliers de livres et de documents anciens ont été saccagés et pillés. Mme Bokova a appelé toutes les autorités compétentes à être "vigilantes" quant à toute tentative de trafic de ces trésors, dans un communiqué transmis à l'APS. "Les informations selon lesquelles les rebelles auraient pris le contrôle de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) de Tombouctou ainsi que d'autres institutions culturelles sont très inquiétantes", a-t-elle déclaré. "Ces centres abritent des documents anciens, écrits ou recopiés localement, acquis au Maghreb et Afrique subsaharienne ou envoyés par des pèlerins des pays musulmans éloignés", a-t-elle précisé. Beaucoup de ces documents datent de l'âge d'or de Tombouctou, entre le XII e et le XV e siècle. Ils traitent de sujets variés allant de la théologie aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l'architecture ou encore les pratiques ésotériques. Ils portent aussi le témoignage de la richesse historique de la ville, à la fois carrefour culturel et centre d'apprentissage. "Ce patrimoine doit être protégé. Les citadins, dont je salue l'engagement et le courage, l'ont compris, eux qui se sont rassemblés pour organiser leur sauvetage. Mais ils ont besoin de notre aide", a-t-elle dit. Elle a par ailleurs appelé "solennellement" toutes les parties concernées à la vigilance et à travailler en concertation afin d'éviter la perte de ces trésors de l'humanité tout entière qui serait "gravissime". La Directrice générale a rappelé la nécessité du respect de l'article 9 de la Convention qui invite les Etats parties "à participer à toute opération internationale concertée dans ces circonstances, en vue de déterminer et d'appliquer les mesures concrètes nécessaires, y compris le contrôle de l'exportation, de l'importation et du commerce international des biens culturels". Elle a également appelé les partenaires institutionnels de l'Unesco dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, notamment Interpol, les professionnels du marché de l'art et les collectionneurs, à faire preuve de vigilance.