Quelque 44, 5 millions de Français sont appelés aux urnes dimanche et le 6 mai prochain pour les deux tours de l'élection présidentielle de la 5ème République. Les 85. 000 bureaux de vote, prévus à cet effet, ouvriront demain à 8 H 00. Les opérations de vote se dérouleront dans la plupart des communes jusqu'à 18 H. Toutefois, dans certaines communes, les bureaux de vote resteront ouverts jusqu'à 19 H00 ou 20H00 sur décision préfectorale. Le président de la République est élu au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable. Il doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés, soit la moitié des voix plus une, en un ou deux tours de scrutin. Si la majorité n'est pas atteinte par aucun des candidats, lors du premier tour, un second tour est organisé deux semaines plus tard. Afin que l'élu recueille la majorité des suffrages exprimés, ainsi que le dispose la Constitution française, seuls peuvent s'y présenter les deux candidats qui ont recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour. Le premier tour de cette élection présidentielle promet un duel final Hollande-Sarkozy, à en croire les sondages, l'ordre d'arrivée entre les deux favoris dimanche soir, dépendant largement de la performance que réaliseront Marine Le Pen (Front national-extrême droite) et Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche). Donné nettement vainqueur au second tour par la totalité des enquêtes, depuis des mois, le socialiste François Hollande aborde la position de force de cette élection. Ce scrutin survient dans un climat morose, sur fond de croissance économique ralenti, de hausse du chômage et d'interrogations récurrentes sur l'avenir de la zone euro. "Le terreau, c'est une défiance généralisée qui s'ancre dans une crise du résultat", a relevé le politologue Brice Teinturier "en raison de l'incapacité des gouvernants depuis trente ans à régler le problème du chômage de masse", perçu comme "un signe de l'impuissance des politiques". "Conséquence, le président sortant et candidat à sa succession, Nicolas Sarkozy, aborde ce premier tour dans une position délicate, lui qui a fait du jugement sur les résultats de son action un axiome de sa politique", a-t-il ajouté. Pour les quelque 44, 5 millions d'électeurs appelés aux urnes dimanche, "la crédibilité est un élément absolument essentiel", selon cet expert. C'est le visage que s'est efforcé de présenter le candidat socialiste François Hollande qui, tout au long de la campagne, a martelé sa "cohérence" et sa "constance" pour mieux l'opposer à son rival de l'UMP. Sauf coup de théâtre, et selon les sondages, les candidats du PS et de l'UMP, accéderont au deuxième tour. Ils disposent de dix points d'avance, sinon plus, sur leurs poursuivants immédiats, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. S'il est en tête, le candidat PS serait dans une position idéale pour l'emporter. Pour garder l'espoir de gagner le 6 mai, Nicolas Sarkozy a obligatoirement besoin d'arriver premier, mais aussi d'avoir au moins trois points d'avance sur François Hollande, selon les politologues. Il aurait en effet très peu de réserve de voix, contrairement à François Hollande, alors que le niveau de la gauche est estimé à environ 46%, le niveau qui lui a permis de gagner en 1981, et 1988 (30% seulement pour la droite parlementaire). Si Nicolas Sarkozy est en deuxième position, ce sera la première fois qu'un président de la 5 ème République en exercice et se présentant, est devancé au premier tour. Et dans cette hypothèse, l'élection serait considérée comme pratiquement jouée, estime-t-on. Autre interrogation, est le niveau d'abstention, qu'on estime difficile à mesurer dans les enquêtes préélectorales. L'Institut français d'opinion publique (Ifop) fait part d'une abstention record qui pourrait atteindre 29%, les politologues tablent sur une fourchette entre 22 -24%. Dans les deux cas, ce serait sensiblement plus qu'en 2007. Le record d'abstention à un premier tour a été enregistré en 2002 avec un taux de 28,40%. D'autre part, c'est la première fois que cinq candidats recueillent chacun 10% d'intention de vote à un premier tour de la présidentielle, ce qui constitue selon les analystes une marque de dispersion. La possibilité d'une publication des résultats avant l'heure légale (20H00) par certains médias, continuent à alimenter la polémique, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il ne serait "pas choqué" en cas de fuite, alors que les autorités chargées de la surveillance de la campagne annonçaient la mise en place d'un gros dispositif de surveillance. Par ailleurs, dans une grande marche, des centaines d'"indignés" ont manifesté samedi à un jour du premier tour contre la "mascarade" de la présidentielle et exprimé leur " rejet" de ce scrutin. Partis de Marseille, et traversant plusieurs ville française, pour se retrouver à Paris, ils disent se retrouver sur "le rejet du système politique actuel". Ils ont dénoncé "la mascarade électorale", et disent montrer que le peuple "n'a pas la parole, que les Français ne se sentent plus représentés par les politiques et qu'ils cherchent "un nouveau fonctionnement de la démocratie".