Les partis politiques ont continué samedi à commenter les résultats préliminaires des élections législatives, annoncés vendredi et diversement appréciés par les chefs des formations politiques, au moment où l'Algérie continue de recueillir les félicitations pour le "bon déroulement" du scrutin. Le Front des forces socialistes (FFS), qui a obtenu 21 sièges, a considéré avoir "atteint" l'objectif qu'il s'est tracé, affirmant que sa participation était "bien tactique" et avait visé la "remobilisation politique de la population", selon un communiqué du plus vieux parti de l'opposition. "Nous considérons cet objectif atteint, même si le nombre de sièges obtenus ne reflète pas correctement la percée du parti au niveau national", ajoute le texte signé par le premier secrétaire national, M. Ali Laskri, soulignant que le FFS "prend acte" des résultats de ce scrutin et y répondra "politiquement". En outre, le parti, qui a participé aux législatives de jeudi après deux boycotts successifs en 2002 et 2007, a fait savoir que son objectif pour la prochaine étape était "l'approfondissement et la consolidation des avancées réalisées dans la mobilisation". De son côté, le président du parti du Front El-Moustakbel (FM), M. Abdelaziz Belaïd, a exprimé sa "déception" quant aux résultats des élections au cours desquelles sa formation politique n'a décroché que deux sièges, assurant toutefois qu'il "poursuivra son militantisme pour le changement et les réformes". Le leader du FM a, par ailleurs, fait part de son "refus des dépassements enregistrés lors du déroulement du scrutin au niveau de plusieurs wilayas". Il a aussi mis l'accent sur la nécessité d'analyser "objectivement le phénomène d'abstention qui persiste encore (plus de 57% n'ont pas voté) ainsi que les bulletins nuls (environ 1,6 million de voix)". Pour sa part, le président du Front national algérien (FNA), M. Moussa Touati, a indiqué que les résultats de sa formation politique au scrutin (9 sièges) n'étaient "pas satisfaisants". "Nous ne sommes pas satisfaits de ces résultats ni de la manière dont s'est déroulée le scrutin", a-t-il dit, évoquant une "fraude flagrante" tout en se demandant si le peuple algérien pouvait renouveler en 2012 sa confiance à un Parlement qui "n'a pas apporté de solutions" aux crises ayant secoué le pays en 2011. Même son de cloche chez le président du Front national pour la justice sociale (FNJS), M. Khaled Bounedjma, qui a déploré ce qu'il a qualifié d'"irrégularités" lors des élections législatives, estimant que les résultats officiels du scrutin pourraient exposer l'Algérie à des "dangers". "Nous avons appelé le peuple à voter massivement pour +sauver+ le pays en lui promettant un scrutin crédible et transparent, mais les résultats des élections étaient manipulés et exagérément en faveur de certains partis", a fustigé M. Bounedjma. Le leader du FNJS, dont la formation politique a remporté trois sièges, a dénoncé également l'annulation "intentionnelle" des bulletins votant pour son parti, indiquant que la règle portant sur la non-admission des listes qui n'obtiennent pas au moins 5 % des suffrages exprimés a empêché le FNJS de remporter "près de 40 sièges", notamment à Oum El-Bouaghi, Annaba, Sétif, Illizi, Oran, Alger et Souk Ahras. Le secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST), M. Mahmoud Rechidi, dont la formation politique n'a remporté aucun siège, a aussi dénoncé les résultats du scrutin qui "n'ont apporté, selon lui, aucun changement". "Les résultats donnant une victoire écrasante au FLN, talonné par ses alliés habituels, impose une ancienne majorité, c'est-à-dire le maintien du statu quo", a estimé M. Rechidi. Du côté des organisations internationales qui ont suivi de près le scrutin, la Ligue arabe a souligné, dans un communiqué au nom de son secrétaire général, M. Nabil Al-Arabi, que les élections législatives en Algérie s'étaient déroulées globalement dans un climat "démocratique et libre" permettant ainsi au citoyen d'exercer son droit "sans entraves ni pressions". La Ligue arabe a félicité également le gouvernement et le peuple algériens pour cette "avancée importante dans le processus des réformes qui répondent aux attentes du peuple algérien". "Le scrutin était transparent, crédible et libre, marqué par un climat de compétition et une bonne organisation. Aucun dépassement susceptible d'affecter l'opération électorale n'a été enregistré", selon le communiqué de la Ligue arabe dont la mission qui a supervisé les législatives était composée de 132 membres. Le chef de la mission électorale de l'Union européenne (UE), M. José Ignacio Salafranca, a estimé, quant à lui, que le scrutin législatif de jeudi était un "pas en avant dans la consolidation du processus démocratique" en Algérie de par sa "transparence" et son déroulement "pacifique et ordonné". La mission d'observation électorale de l'UE et la mission du Parlement européen ont salué, par ailleurs, les résultats obtenus par les femmes algériennes aux législatives où elles ont arraché 145 sièges, un taux qui passe à 31,38% contre 7% seulement dans l'assemblée sortante (31 sièges sur les 389 sièges à pourvoir en 2007). "C'est un grand progrès (...) notre constat est très, très positif en ce qui concerne le quota des femmes" à l'APN, a déclaré M. Salafranca, alors que la présidente de la délégation du Parlement européen, Mme Tokia Saïfi, a salué le fait que la loi algérienne donnait une place plus importante aux femmes dans la vie politique. "Les résultats obtenus par les femmes constituent pour nous un pas très encourageant", s'est-elle félicitée. Ces résultats ont été obtenus grâce à l'adoption, fin 2011, d'une loi relative à la représentativité féminine au Parlement, qui impose aux partis un quota féminin de 20 à 50% sur leurs listes électorales. De son côté, le chef de la mission des observateurs de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), M. Habib Kaâbachi, a salué "le climat démocratique ayant marqué les élections législatives qui se sont déroulées dans la transparence et la crédibilité". Le processus électoral s'est déroulé dans le "calme" et le respect des mesures juridiques qui régissent le régime électoral en Algérie, a-t-il ajouté. Le chef de la mission des observateurs de l'Union africaine (UA), M. Joaquim Alberto Chissano, a abondé dans le même sens en affirmant que le scrutin législatif de jeudi, suivi par près de 500 observateurs étrangers, était "libre, transparent, régulier et équitable". La mission de l'UA, forte de 200 observateurs, "note avec satisfaction que le déroulement des élections législatives du 10 mai 2012 se sont déroulées dans le calme et la sérénité", a déclaré M. Chissano. La Tunisie a, elle aussi, félicité l'Algérie pour le succès des élections législatives en considérant qu'elle s'étaient déroulées dans un climat "serein" et qui "ont désavoué toutes les prévisions pessimistes", tout en se disant "convaincue" que la prochaine Assemblée oeuvrerait à rapprocher davantage les deux peuples, selon un communiqué de la présidence de la République tunisienne. Enfin, le Qatar a qualifié les législatives de jeudi en Algérie d'étape "importante" dans l'enrichissement du processus démocratique dans le pays, saluant les résultats de l'opération électorale.