Le gouvernement socialiste nommé mercredi soir par le président français François Hollande, sur proposition de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, présente la caractéristique d'être peu ouvert sur les autres partis politiques, mais se démarque par un respect inédit de la parité (hommes-femmes) et de la diversité. Sans surprise aucune, le président Hollande a préféré s'entourer, pour ce quinquennat, de ses plus proches collaborateurs au parti, puisant, pour certains postes clés comme le ministère de la Défense, dans sa propre promotion ‘‘Voltaire'' de l'ENA. L'enjeu de ce choix de confiance : gagner les législatives de juin prochain et donner une majorité parlementaire au président socialiste. Seule une petite ouverture au reste de la gauche ‘‘singularise'' la composante du gouvernement Ayrault : Christine Taubira, du Parti radical de gauche (PRG), devient Garde des sceaux et l'écologiste Cécile Duflot atterrit au ministère de l'Egalité des territoires et du Logement. Selon les observateurs, le président Hollande récompense les partis qui l'ont soutenu en participant aux primaires (comme le PRG avec Jean-Michel Baylet) ou les formations qui ont rejoint son programme dès le soir du premier tour. En plein campagne électorale en avril dernier, le candidat socialiste avait vertement dit qu'il ne formera pas de gouvernement "d'ouverture" s'il est élu en mai. "Je suis socialiste, je suis de gauche et je gouvernerai avec la gauche. Il n'y aura pas d'ouverture", avait-t-il déclaré, précisant que son Premier ministre sera socialiste. La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts estime qu'‘‘un gouvernement à 100% socialiste serait une erreur politique''. Les écologistes espèrent 2 à 3 postes de ministres ou de secrétaires d'Etat dans l'équipe Hollande. Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, qui quittera la direction de son parti en juin prochain, avait appelé, de son côté, les socialistes à former un gouvernement d'ouverture et a suggéré que les écologistes seraient disposés à y participer. ‘‘Un gouvernement à 100% socialiste serait une erreur politique'', a-t-elle dit. Fait inédit dans un gouvernement de la République, celui de Jean-Marc Ayrault observe la parité parfaite entre femmes et hommes. Sur les noms des 34 membres du gouvernement, 17 sont des femmes même si une seule d'entre elles, Christiane Taubira, est nommée à la tête d'un ministère régalien, celui de la Justice. La parité des genres au gouvernement est une des promesses de campagne de François Hollande qui est donc respectée. En sus de Mme Taubira, beaucoup de jeunes femmes font aussi leur entrée dans les hautes sphères du pouvoir, dont la franco-marocaine Najat Vallaud-Belkacem (34 ans). Ce geste politique a été d'ailleurs salué par le réseau Osez le féminisme ! qui s'est également félicité de la nomination d'une ministre des Droits des femmes, tout en disant attendre désormais "des actes". L'équipe Ayrault s'est aussi distinguée par le respect de la diversité qui a acquis, elle aussi, une représentation jugée inédite dans le gouvernement socialiste, qui compte des membres issus de l'immigration et trois de l'Outre-mer, soit 20% d'un ensemble de 34 ministres et ministres délégués. Outre Najat Vallaud-Belkacem, Yamina Benguigui, la cinéaste Franco-Algérienne, a été nommée ministre déléguée chargée des Français de l'étranger et de la Francophonie. L'autre Franco-Algérien, Kader Arif, devient ministre délégué aux Anciens combattants. Deux ministres issus des outre-mers, le Guadeloupéen Victorin Lurel et la Guyanaise Christiane Taubira, font leur entrée au gouvernement, alors que la Guyanaise Christiane Taubira a été nommée Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Deux autres surprises de ce gouvernement : le retour aux affaires de l'ex Premier ministre, Laurent Fabius, désormais numéro deux de l'Exécutif avec son nouveau poste de ministre des affaires étrangères, et l'absence de la première secrétaire du PS, Martine Aubry, qui a assuré avoir décidé de ne pas entrer au gouvernement de Jean-Marc Ayrault "en parfaite entente" avec le président François Hollande et son Premier ministre. La maire de Lille s'est dite soucieuse de permettre à la gauche de gagner les législatives, prévoyant d'effectuer plusieurs déplacements de campagne avec le nouveau chef du gouvernement. Le premier conseil des ministres se réunira dans l'après-midi. Parmi les mesures qui seront présentées, la baisse de 30% du salaire des membres du gouvernement.
