Le chanteuse Warda El Djazaïria, décédée jeudi dernier au Caire, a été inhumée samedi en début d'après-midi au cimetière d'El Alia -carré des Martyrs- à Alger en présence d'une foule nombreuse, composée d'officiels, d'artistes, d'hommes de culture et d'admirateurs anonymes. Aux côtés des membres de la famille de la défunte, étaient présents notamment le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, accompagné de plusieurs de ses ministres. Le chanteur émirati Hussein El Jasmi qui avait un projet en commun avec Warda El Djazaïria comptait aussi parmi les présents. La foule s'est recueillie devant le cercueil recouvert de l'emblème national, dans une atmosphère de vif émoi, après la perte de celle qui savait si bien sublimer l'Algérie par son art, en mettant un point d'honneur de ne jamais manquer un rendez-vous national important après l'indépendance. Une oraison funèbre a été lue par un représentant du ministère de la Culture pour rappeler le riche parcours artistique de la défunte depuis ses débuts. L'oraison était entrecoupée, parfois, de cris qui s'élevaient de la foule. "Warda, nous t'aimons !", "Vive l'Algérie", "Allah Akbar" et "Mazal Wakfine" (Nous sommes encore debout) - titre du dernier vidéo-clip tourné par la disparue à la gloire de l'Algérie à l'occasion du 50ème anniversaire de son indépendance-retentissaient, alors que des pétales de rose pleuvaient sur la dépouille mortelle de la diva. La mise en terre de la défunte a été un moment d'intense émotion : une tristesse infinie se lisait sur les visages des admirateurs, dont beaucoup ne pouvaient contenir leurs larmes, alors que les femmes, présentes en force, lançaient des youyous, en guise d'adieu à celle qui a bercé de sa voix des générations entières d'Algériens. "Warda est des nôtres, nous l'aimerons toujours. Sa voix, sa grâce, son élégance et son sourire resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Je connais ses chansons par coeur ... Warda était une grande dame à tous points de vue", s'est exclamé Malika, une quadragénaire visiblement affligée par la disparition de la chanteuse "adulée". Même sentiment d'affliction chez Djamila, sa cadette de 20 ans, qui, entre deux sanglots, a confié a l'APS sa double peine : "la disparition de (son) idole et l'espoir, envolé désormais, d'assister à un concert de Warda et de la voir de près", dit-elle d'une voix étranglée. Warda El Djazaïria s'était éteinte jeudi au Caire d'une crise cardiaque à l'âge de 72 ans. L'interprète de "Fi Youm Wi Lila" ou encore "Lawla El Malama" a vendu plus de 20 millions d'albums à travers le monde pour un riche répertoire de plus de 300 chansons. Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, Warda a toujours été, par son art, au rendez-vous des grands événements nationaux.