La situation ne semble pas s'apaiser au Mali au lendemain de la signature d'un accord de sortie de crise, violemment contesté par des milliers de manifestants qui se sont rassemblés lundi à Bamako pour fustiger cet accord, certains contestataires ont pris d'assaut le palais présidentiel, blessant grièvement le président intérimaire malien Dioncounda Traoré. Des manifestants visiblement remontés et chauffés à blanc, selon les médias citant des sources locales, ont envahi dans la journée le palais présidentiel et réussi à accéder au bureau du président à Koulouba, près de Bamako. "Les manifestants, qui étaient très nombreux, ont déjoué la vigilance des forces de sécurité, (...) ils l'ont trouvé dans son bureau, il a été frappé mais sa vie n'est pas en danger. Il a été conduit à l'hôpital", selon une source au Secrétariat général, où siège le président intérimaire, à côté du Palais présidentiel. Cette source a fait savoir que "les manifestants ont débordé les forces de sécurité, qui protégeaient l'avant et les flancs" des bâtiments, ajoutant que les contestataires étaient "venus par derrière". Après cette attaque, M. Traoré, âgé de 70 ans a été admis à l'hôpital. D'après certaines sources, son état de santé ne prête pas à l'inquiétude. Une source médicale a assuré que le président est sorti de l'hôpital après avoir subi des examens qui n'ont révélé aucune "lésion grave". Dioncounda Traoré s'est par la suite dirigé vers un lieu sécurisé, a-t-on fait savoir. L'agression dont a été victime le chef de l'Etat par intérim intervient après une manifestation organisée dans la journée à Bamako à l'appel de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) favorable au coup d'Etat du 22 mars ayant renversé le président Amadou Toumani Touré. Environ 30.000 personnes, selon la Copam s'étaient rassemblées devant le Centre international de conférence de Bamako (CICB) pour protester contre cet accord. L'accord a été paraphé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, le président malien par intérim Dioncounda Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra et le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, un des médiateurs pour la résolution de la crise malienne. Le président de la Copam, Hamadoun Amion Guindo a affirmé que "les dispositions prises par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) n'engagent pas les Maliens". "C'est une trahison. Ceux qui sont venus à Bamako n'ont pas de considération pour les Maliens", a-t-il dénoncé. La Copam fustige le maintien du président intérimaire chargé de diriger pendant un an une transition devant aboutir à des élections générales, en vertu d'un accord de sortie de crise signé dimanche. Selon cet accord, la période de transition a été fixée à douze mois à compter de l'expiration du délai constitutionnel de 40 jours d'intérim, qui tombe mardi. Les médiateurs ouest-africains avaient quitté dans la journée Bamako, affirmant avoir "accompli" leur mission. Mais ce violent mouvement de contestation de l'accord risque de compliquer davantage les efforts entrepris par la Cédéao et l'Union africaine (UA) en vue d'une sortie de crise. Le Mali est en pleine tourmente depuis le coup d'Etat militaire du 22 mars qui a renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), aujourd'hui réfugié au Sénégal. Les militaires qui avaient pris le pouvoir ont officiellement accepté en avril de le rendre aux civils, mais ils restent omniprésents à Bamako. Dans la foulée du putsch militaire, des groupes armés s'étaient emparés de plusieurs villes du Nord malien. La Cédéao avait décidé un embargo total, avec effet immédiat, levé après que les putschistes maliens eurent remis le pouvoir à Dioncounda Traoré. Cette instabilité a poussé plus de 320.000 personnes à quitter leurs foyers depuis la mi-janvier et à chercher refuge ailleurs dans le pays ou à l'étranger, selon les Nations unies.