Le Yémen célèbre mardi le 22e anniversaire de son unification dans un contexte tendu, marqué par un attentat sanglant d'Al-Qaïda contre l'armée ayant provoqué, lundi à Sanaa, la mort de près de 100 soldats, un carnage vivement dénoncé dans le monde. L'attaque de lundi est la première de cette ampleur dans la capitale yéménite depuis l'accession au pouvoir du président intérimaire Abd Rabbo Mansour Hadi qui a réaffirmé sa détermination à "renforcer la lutte contre le réseau Al-Qaïda", à l'origine de l'attentat dans lequel 96 soldats ont été tués et près de 300 autres blessés, selon un bilan officiel. Dans un communiqué, M. Hadi a précisé qu'il poursuivrait "sans relâche" l'offensive contre Al-Qaïda dans le sud du Yémen, "quels que soient les sacrifices". M. Hadi a accédé au pouvoir en février dernier après la démission de l'ancien président Ali Abdallah Saleh qui avait été contesté dans la rue pendant des mois avant d'accepter un plan de sortie de crise prévoyant son départ en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches. L'attaque de Sanaa s'est produite devant la tribune destinée aux personnalités attendues mardi pour la parade marquant le 22e anniversaire de l'unification du nord et du sud du Yémen. En revanche, les autorités yéménites ont annulé la parade militaire en raison de l'attentat sanglant. Une cérémonie "symbolique" s'est déroulée ce matin à l'Ecole de l'aviation et de la défense aérienne, en présence du président intérimaire, selon une source officielle. "Notre cérémonie aujourd'hui est un réponse à la barbarie", a affirmé dans un discours le chef d'état-major, le général Ahmed Ali Al-Achoual. L'attentat contre l'armée yéménite a suscité, par ailleurs, de vives réactions dans le monde. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a dénoncé l'attentat qui, selon lui, vise à "saper les efforts fournis aux plans arabe et international pour aider les Yéménites à relever les défis de la transition". Dans un communiqué, M. al-Arabi a souligné que les consultations se poursuivaient avec les dirigeants yéménites et les différentes parties arabes et internationales concernées en vue de renforcer les efforts de suivi de la mise en œuvre de l'initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) concernant le Yémen sous la supervision de l'envoyé de l'ONU au Yémen, Djamel Ben Omar. A l'ONU, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a "fermement condamné" l'attentat soulignant que "cet acte criminel ne peut être justifié par aucune cause". Il a "demandé à tous au Yémen de rejeter l'utilisation de la violence sous toutes ses formes et de jouer un rôle constructif dans l'application de l'accord de transition politique". De leur côté, les 15 pays membres du Conseil de sécurité onusien ont publié une déclaration lundi condamnant l'attentat de Sanaa "dans les termes les plus fermes" et réaffirmant "leur détermination à combattre toutes les formes de terrorisme". L'Union européenne (UE) a, elle aussi, condamné "le terrible et brutal attentat" commis lundi par al-Qaïda au Yémen, et s'est dit "préoccupée par toutes les tentatives de faire dérailler la transition au Yémen". L'attentat de Sanaa a également été dénoncé par le président américain Barack Obama qui a indiqué que son pays était "très préoccupé par les activités d'Al-Qaïda et des extrémistes au Yémen", à l'issue du sommet de l'Otan à Chicago. Pour sa part, le président français François Hollande, a condamné "avec la plus grande fermeté" l'attentat-suicide survenu à Sanaa soulignant que son pays "continuera de soutenir le gouvernement et le peuple yéménites dans leur lutte contre le terrorisme". Le Canada a également fait part de son soutien au Yémen après avoir condamné "avec véhémence" "ce lâche attentat survenu au moment où le pays s'apprête à mettre en œuvre de vastes réformes", selon le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird. L'attentat de Sanaa est intervenu au moment où l'armée yéménite est engagée depuis le 12 mai dans une vaste opération contre Al-Qaïda pour reprendre deux villes tenues par le réseau dans la province d'Abyane (sud). Les opérations ont fait jusqu'ici 234 morts selon un bilan donné par des médias à partir de chiffre fournis par des tribus, l'armée ou des supplétifs : 158 membres d'Al-Qaïda, 41 soldats, 18 supplétifs de l'armée et 17 civils.