Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a accordé mercredi un entretien à l'APS, à la veille de l'installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), dont voici le texte intégral : Question : Plusieurs partis ont rejeté les résultats du scrutin législatif et crié au "scandale", notamment en ce qui concerne le report des voix de ceux touchés par le pourcentage éliminatoire de 5%. Quelle réponse leur donnez-vous, en votre qualité d'institution organisatrice du déroulement du scrutin ? Réponse : Il était prévisible que les partis qui criaient victoire avant le scrutin, de manière irréaliste, ont été désappointés par le vote des électeurs qui les ont jaugés à leur véritable poids. Il est donc normal qu'ils crient à la fraude et au scandale. Ce qui nous conforte dans notre jugement sur ces élections et leur crédibilité, c'est que nous n'avons vu nulle part le peuple protester pour clamer qu'on lui a volé ou dénaturé son choix. Pour ce qui est du report des voix vers certains grands partis, je dois vous préciser que le pourcentage éliminatoire de 5% a été une décision des parlementaires de l'Alliance. Le Gouvernement avait proposé un pourcentage de 3% dans le projet soumis à l'Assemblée. Il ne fait pas de doute qu'avec ce dernier taux de 3% les partis moyens, les nouveaux partis et les listes indépendantes auraient obtenu globalement une cinquantaine de sièges supplémentaires, ce qui aurait été plus juste, mais la loi est la loi. Question : Une vingtaine de partis s'estimant lésés par les résultats, ont décidé de boycotter l'APN. Quelle sera la conséquence de cette démarche sur la nouvelle Assemblée populaire nationale qu'ils considèrent "illégitime" ? Les textes réglementaires ont-ils prévu des dispositions palliatives ? Réponse : Les partis qui appellent au boycott des travaux de l'Assemblée devraient être logiques avec eux-mêmes. Quand on ne reconnaît pas un parlement on démissionne. Je pense que c'est une décision prise hâtivement sous l'effet de la colère. Le retour progressif vers l'apaisement les ramènera à la raison et à la normalisation. La loi ne prévoit rien à ce sujet. le règlement intérieur de l'APN peut le faire pour prévenir toute forme de dysfonctionnement. Question : Ces mêmes partis ont appelé à la création d'un parlement populaire sans toutefois définir ses contours. S'agit-il d'une forme de désobéissance de ces formations politiques, dont la majorité vient à peine d'être créée ? Réponse : La création d'un Parlement populaire est plus qu'une utopie, c'est une atteinte grave à l'Etat de droit, à la pratique de la démocratie et au respect de la volonté populaire. Question : Monsieur le ministre, vous avez évoqué, en février dernier, la probabilité d'une révision à la baisse du régime indemnitaire qui sera déterminée par la présence effective des parlementaires aux travaux de l'APN. La réflexion est-elle bien avancée ? Réponse : Le problème de la confirmation ou de la révision des émoluments et des indemnités des parlementaires relève des attributions de l'Assemblée. Beaucoup de partis et une grande partie de l'opinion publique le souhaitent. Les dernières initiatives visant le boycott renforcent l'idée que cette question doit être examinée en priorité, notamment en liant ces indemnités à la présence et à la participation effective aux travaux du Parlement.