L'absentéisme devient de plus en plus récurrent à l'Assemblée populaire nationale qui n'arrive toujours pas à jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Scandaleux! Les élus de l'Assemblée populaire nationale (APN) ne rougissent pas quand ce mot, lourd de sens, s'applique aux séances tenues dans leur institution. Avant-hier, c'est une image désolante qui prend les allures d'un phénomène institutionnel, qu'a donnée la chambre basse du Parlement lors de la séance plénière consacrée à onze questions orales où les ministres concernés se sont retrouvés avec une Assemblée fantomatique, désertée par ses locataires. Il y avait, en effet, presque le même nombre de questions (11) que de députés (15) présents à cette séance. Mystérieux! commente un fonctionnaire de cette institution. Une cathédrale dans le désert, comme aime à la qualifier la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) Mme Louisa Hanoune. Mêmes les présidents des commissions et ceux des groupes parlementaires n'ont pas jugé utile d'être présents pour écouter les réponses des ministres. L'absentéisme qui caractérise l'institution parlementaire tend à devenir un problème grave. Ce phénomène a atteint des proportions telles que le vote d'un projet de loi a été reporté, il y a quelques jours, le quorum n'ayant pas été atteint. Une source à l'APN nous a indiqué que les députés avaient été convoqués in extremis pour se présenter l'après-midi de la même journée afin d'adopter la loi sur les aires protégées. Apparemment, les parlementaires ont d'autres chats à fouetter maintenenant que leurs salaires ont atteint le seuil des 30 millions de centimes. Le cas d'un député, devenu l'année dernière président d'une commission parlementaire, qui assistait régulièrement aux séances et, ne donne plus aucun signe de vie à l'APN dès que la commission lui a été «arrachée», est frappant. L'image de l'hémicycle «vide» en pleine activité parlementaire reflète l'immobilisme de la chambre basse du Parlement qui n'arrive toujours pas à jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Cela dit, le règlement intérieur de l'APN énonce que la présence de la majorité des députés est nécessaire pour la validité des scrutins. Son article 58 stipule qu'«en cas d'absence de quorum, le scrutin est reporté à une séance ultérieure qui ne peut se tenir moins de six (6) heures et plus de douze (12) heures plus tard». Au cours de la prochaine séance en question le scrutin est validé quel que soit le nombre des députés présents». L'article 64 du même règlement, publié au Journal officiel le 30 juillet 2000, indique que le député est tenu de participer aux séances de l'Assemblée populaire nationale ainsi qu'aux travaux de la commission dont il est membre. Le même article souligne que les demandes d'absence aux séances de l'APN sont adressées au président et sont motivées. Reste donc à savoir si les députés qui s'absentent à la séance de vote motivent leurs absences. Si c'est le cas et même si rien n'oblige les députés à marquer de leur présence les séances plénières, il n'en demeure pas moins que leurs absences répétées deviennent une forme de mépris vis-à-vis de l'institution et des citoyens qui les ont élus pour les représenter. Les absences à l'APN ne se limitent pas aux seules séances plénières. Même les journées parlementaires et les journées d'étude sur des thématiques importantes sont boycottées par les membres de l'APN. Des parlementaires et sénateurs américains l'ont vérifié le mois d'avril dernier quand ils se sont trouvés à «prêcher» dans le... désert. Venus animer un atelier de formation sur l'éthique parlementaire, les représentants de la Conférence nationale des législatures des Etats américains (Ncsl-USA) ont découvert un hémicycle totalement déserté par les députés, peu soucieux de l'éthique. Plus que jamais, des solutions doivent être trouvées car c'est surtout de cela que dépend le peu qui reste de la crédibilité de l'APN et des rapports élus/électeurs.