Photo : Riad Par Ali Boukhlef Les parlementaires des deux Chambres vont prendre officiellement leurs congés aujourd'hui. Les deux présidents, du Sénat et de l'APN, vont en effet clôturer, cette matinée, la session d'automne du parlement lors de deux cérémonies auxquelles assistera notamment le Premier ministre et l'ensemble de son staff.Le président de l'Assemblée populaire nationale, qui fait objet de plus de critiques du fait que le mandat de ses membres est censé émaner du peuple, va certainement énumérer les «réalisations» de son institution depuis le début de l'actuelle session, qui a démarré en mars dernier. Il s'agit essentiellement du nombre –la qualité importe peu- de lois déposées et étudiées. Il fera par contre abstraction des différents ratages de l'Assemblée. A commencer par le refus d'enregistrer la loi portant criminalisation du colonialisme.Ce projet de loi, déposé par une centaine de parlementaires, issus notamment de la majorité, a fini par être rejeté par le bureau de l'Assemblée pour une soi-disant affaire de vice de forme. Une partie de ces députés crient au scandale. Mais le bureau de l'APN reste pratiquement silencieux, jusqu'au jour où Abdelaziz Ziari craque et menace de rendre publique la réponse «négative» du gouvernement.Un groupe de députés, dont le transfuge du RCD Ali Brahimi qui a envoyé hier un communiqué dressant le bilan de la chambre basse, a déposé, en février, une demande de commission d'enquête sur les troubles sociaux qu'à connus le pays en janvier dernier. Niet. Plusieurs semaines plus tard, le FLN émet la même proposition - ou presque - et elle est acceptée. C'est «le comble de la ségrégation institutionnelle», écrit le député de Bouira dans son document. La seule loi notable discutée et adoptée lors de la session qui se termine aujourd'hui est le nouveau Code de la commune. Mais, fait étrange, pour une fois qu'un projet de loi suscite des critiques et enregistre un record de demande d'amendements (250), la suprématie de l'exécutif entre en jeu. Des groupes parlementaires, dont le MSP, ont ensuite crié au scandale accusant le bureau de l'Assemblée d'avoir touché à certains articles sans consultation des députés. N'empêche, le texte est passé au niveau du Sénat comme une lettre à la poste. D'autres lois plus au moins importantes, telles celles portant sur la protection sociale, ont également été adoptées lors de cette session. D'autres lois sont tellement litigieuses qu'elles sont reportées sine die. Il en est ainsi du nouveau statut de l'avocat.L'autre caractéristique de l'actuelle session (et de toute la législature) est bien entendu l'absentéisme. Puisque rares sont les plénières où le nombre de parlementaires dépasse la centaine. Chose qui suscite des commentaires parfois désobligeants dans la presse et de la part de certains politiques. Cette méfiance vis-à-vis de l'actuelle assemblée s'est exacerbée ces dernières semaines, lorsque des députés ont proposé (et obtenu) que le gouvernement autorise à nouveau l'importation de vêtements usagés.C'est pendant la session du printemps, qui s'achève aujourd'hui, que deux partis politiques ont gelé leurs activités parlementaires pour protester contre la situation dans le pays. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s'est retiré des deux Chambres et de toutes les instances du Parlement pour protester contre «la répression» des manifestations publiques appelant au changement du régime. Le Front national algérien (FNA), quant à lui, s'est retiré momentanément pour protester contre l'adoption du Code communal. Les parlementaires du parti de Moussa Touati sont revenus, depuis, à de meilleurs sentiments en reprenant le chemin de l'APN.Contrairement à l'actuelle session, celle de l'automne, qui s'ouvre en septembre, risque d'être extrêmement chargée avec tous les textes des réformes qui vont été discutés. Mais les actuels parlementaires savent d'ores et déjà qu'ils n'auront pas l'honneur de débattre de la prochaine constitution.