Le gouvernement français envisage la mise en place d'un récépissé délivré par la police pour éviter les contrôles d'identité abusifs, une mesure favorablement accueillie par des défenseurs des droits de l'homme mais critiquée par des syndicats de police. Pour le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, la procédure de contrôle d'identité est un outil "nécessaire", mais à réévaluer. Le premier policier du pays avait fait part de cette procédure lors d'une rencontre vendredi avec le défenseur des droits Dominique Baudis. La "piste" du récépissé est bien l'un des axes principaux de la réflexion de Manuel Valls, qui a demandé une "remontée d'informations sur les différentes initiatives prises en ce sens au Canada, en Espagne et en Grande-Bretagne", a relevé le ministère de l'Intérieur. Selon le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, il ne s'agit pas d'arrêter les contrôles d'identité. "Les policiers font leur travail. Simplement on donne (aux personnes contrôlées) un reçu", avait-il annoncé, de son côté, rappelant qu'il s'agit d'un "engagement" de campagne du président François Hollande. L'annonce de mesures "est un signe fort", s'est réjoui l'avocat Félix de Belloy. "Mais il faut s'assurer que le reçu dont parle le Premier ministre fasse également état de la raison pour laquelle la personne est contrôlée", a-t-il toutefois préconisé. "C'est une mesure qui améliore l'efficacité policière", insiste pour sa part Lanna Hollo, d'Open Society Justice Initiative. En 2009, cette émanation de la Fondation Soros a réalisé une étude avec le CNRS dans cinq lieux parisiens, démontrant qu'un Noir ou un Arabe ont respectivement 6 et 7,8 fois plus de chance d'être contrôlé qu'un Blanc. Pour le président de l'Observatoire contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, introduire un récépissé est une "sage mesure (qui) va permettre une meilleure approche entre les policiers et les jeunes des quartiers et ramènera plus de sérénité". De leur côté, des syndicats de Police crient à "la stigmatisation des gardiens de la paix". "On stigmatise la police comme étant une police raciste. C'est inacceptable", a dénoncé Jean-Claude Delage, le secrétaire général d'Alliance, 2e syndicat des gardiens de la paix. Même tonalité chez Synergie-Officiers pour qui "il y a aujourd'hui la même diversité dans la police que dans la population qu'elle contrôle". En janvier dernier, l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) avait sévèrement épinglé la France sur les contrôles d'identité, mettant notamment en évidence un "profilage ethnique", ce que la direction de la police et les syndicats de policiers avaient démenti. En avril, une quinzaine de personnes se disant victimes de contrôles d'identité au faciès avaient assigné l'Etat en justice à Paris pour une action au civil visant à engager sa responsabilité sur cette pratique discriminatoire.