Les Grecs ont commencé à voter dimanche pour renouveler leur parlement, un scrutin législatif jugé crucial pour le maintien de la Grèce dans l'euro et dont le résultat devrait avoir des répercussions sur toute la zone. Les bureaux de vote ont ouvert à 04H00 GMT et doivent fermer à 16H00 GMT, et le résultat est particulièrement incertain. Les deux grandes formations en lice : Nouvelle démoratie (droite) et Syriza (gauche radicale) semblent au coude à coude, selon les derniers sondages officiels parus il y a quinze jours. La "Nouvelle Démocratie" a promis le maintien de la Grèce dans la zone euro, tout en demandant des modifications au mémorandum signé entre Athènes et ses créanciers, tandis que "Syriza" demande une renégociation du pacte de rigueur aussi après avoir appelé pendant des semaines à son abandon pur et simple. Le parti plaide également pour un cabinet d'union nationale, s'il ne devait pas obtenir la majorité absolue. "La Grèce a vaincu la peur", a lancé le chef de la gauche radicale (Syriza), Alexis Tsipras, après avoir voté à Athènes, en affirmant "vouloir en finir avec la cure de redressement prescrite au pays". "Nous ouvrons la voie à une Grèce de justice sociale, membre à égalité d'une Europe qui change", a ajouté M. Tspiras (37 ans). Son rival de droite, Antonis Samaras (61 ans) estime qu'une "nouvelle ère" commencera en Grèce s'il est élu. "Aujourd'hui le peuple grec parle. Demain commence une nouvelle ère pour la Grèce", a-t-il dit après avoir déposé son bulletin dans l'urne dimanche. A la tête du parti socialiste "Pasok" et considéré comme "le troisième homme", Evangélos Vénizélos, a quant à lui réaffirmé son attachement à la formation d'un gouvernement d'union nationale pour que la Grèce reste dans l'euro. Selon les derniers sondages officiels parus il y a quinze jours, les deux partis sont au coude-à-coude. Mais jeudi, la Bourse qui a accès à des sondages non officiels a clairement anticipé une victoire de la droite, en gagnant 10% en une seule séance. Une chose est sûre : aucun parti n'obtiendra le seuil d'environ 37% donnant la majorité absolue au Parlement et la formation qui arrivera en tête devra trouver des alliances pour gouverner. Exaspérés par l'austérité, les quelque 9,9 millions de Grecs inscrits sur les listes électorales, sont rappelés aux urnes après la dissolution du Parlement issu du scrutin du 6 mai, qui n'a pas permis de former un gouvernement. Après deux ans de crise et deux prêts internationaux accordés au pays pour lui éviter la faillite, le résultat de ces élections inquiète l'Union européenne qui craint la paralysie en Grèce et une remise en cause pour assurer son maintien dans l'euro. Cernés par la crise qui menace l'Italie après l'Espagne, les partenaires européens, ont multiplié ces derniers jours les appels à respecter les engagements budgétaires, mettant en garde Athènes d'une sortie de la zone euro. La chancelière allemande, Angela Merkel a jugé samedi "important" que les Grecs élisent une majorité respectant les engagements du pays en matière d'austérité. Le chef du gouvernement italien, Mario Monti et le président français, François Hollande ont réaffirmé leur confiance dans le peuple grec et leur souhait qu'Athènes reste dans la zone euro en respectant ses engagements. Pour sa part, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se dit tout autant optimiste. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait pour sa part appelé les Grecs à "être conscients" de "l'effet dévastateur" qu'aurait une sortie de leur pays de l'euro et de l'UE. De son coté, le Fonds monétaire international (FMI) a omis jeudi d'anticiper sa réaction aux législatives grecques, et appelé au "respect du processus démocratique" dans ce pays. L'Allemagne et l'Autriche, ont, de leurs côtés, exclu une renégociation de l'accord d'aide à la Grèce, tout comme le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reyners, qui avertit les Grecs : "S'ils lâchent l'euro, ils ne pourront plus espérer d'aide immédiate". En Grèce, plus de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans non scolarisés sont au chômage, un record dans l'Union européenne, et près du tiers chez les 25-34 ans, sur un taux global de 21,9% en mars. Un plan d'action pour promouvoir l'emploi des jeunes, à travers des formations et l'entreprenariat, devrait être appliqué avant fin 2012, selon les plans de la Commission européenne. On dénombre également 23.000 diplômés partis en Allemagne en 2011, en raison de la baisse du salaire minimum —508 euros brut, 460 pour les moins de 25 ans— et qui n'a pas non plus "réussi à absorber le chômage des jeunes".