Les nouvelles élections législatives en Grèce auront lieu le 17 juin et seront préparées par un gouvernement de service, dirigé par le président du Conseil d'Etat, Panayiotis Pikramenos, nommé nouveau Premier ministre, a-t-on appris de sources officielles concordantes. La date, dévoilée par la presse grecque, a été confirmée par deux dirigeants de partis, après une réunion des chefs de partis chez le président de la République Carolos Papoulias destinée à nommer un gouvernement temporaire chargé de gérer les affaires courantes et de préparer le élections. Les élections législatives auront lieu le 17 juin, ont dit Panos Kammenos, chef du parti populo-nationaliste Grecs Indépendants et celui du parti de la Gauche démocratique, Fotis Kouvelis. M. Pikramenos, 67 ans, a indiqué qu'il entendait former une équipe de 12 à 13 membres en conservant certains des ministres sortants et en leur adjoignant des magistrats. Ces élections, qui seront les secondes en un peu moins de deux mois, sont particulièrement cruciales pour le pays vu la montée de la gauche et des partis anti-rigueur qui contestent les mesures d'austérité du plan d'aide international à la Grèce élaboré par les créanciers du pays, UE, BCE et FMI, en échange de prêts. Le dirigeant du parti populo-nationaliste Panos Kammenos et la dirigeante du parti communiste KKE Aleka Papariga, ont indiqué aux médias à l'issue de la réunion, que les dirigeants de partis ne s'étaient pas mis d'accord sur un Premier ministre de consensus et que M. Papoulias devrait choisir un gouvernement de service, comme le prévoit la Constitution. La loi prévoit qu'à défaut d'accord pour un Premier ministre de consensus, le président doit choisir entre les présidents de la Cour suprême, de la Cour des comptes ou du Conseil de l'Etat pour prendre la direction d'un gouvernement de service. Choix politique crucial Les Grecs devraient retourner aux urnes en juin, faute d'accord de partage du pouvoir entre les principaux partis politiques mardi. Cette paralysie fait peser une menace sur la poursuite de l'aide internationale et le maintien du pays dans la zone euro. La perspective d'une impasse prolongée et d'une victoire des partis anti-austérité à de nouvelles législatives, comme le suggèrent les sondages, ont fait dévisser les bourses européennes et surtout celle d'Athènes, qui a plongé de 4,86% avant de se reprendre un peu et de finir la séance sur un nouveau recul de 3,6%. L'euro perdait 0,3%, à 1,2794 dollar. Le président Carolos Papoulias avait réuni les dirigeants de cinq partis mardi -l'Aube dorée d'extrême droite n'était pas conviée malgré son entrée au Parlement et le Parti communiste a décliné l'invitation- pour tenter de leur arracher un accord sur un gouvernement de technocrates ou de personnalités. En vain. Le chef de l'Etat devait donc convoquer les leaders politiques mercredi pour désigner un gouvernement chargé d'assurer l'intérim jusqu'au scrutin. "Le pays se dirige malheureusement vers de nouvelles élections. Il va retourner aux urnes dans quelques jours dans de très mauvaises circonstances parce que certaines personnes ont froidement fait passer les intérêts à court terme de leur parti avant l'intérêt national", a déclaré le chef des socialistes du PASOK, Evangelos Venizelos, à la sortie des consultations à Athènes. Les législatives anticipées du 6 mai ont été marquées par l'absence de majorité nette, reflétant la colère d'une bonne partie de la population devant la chute de leur niveau de vie au fil des plans d'économies budgétaires depuis deux ans. Les conservateurs de Nouvelle démocratie (ND) ont obtenu le plus de voix, devant la Coalition de la gauche radicale (Syriza) qui rejette les mesures d'austérité, le PASOK, grand vainqueur des précédentes législatives, et la Gauche démocratique, en position d'arbitre avec 19 sièges mais qui refuse de participer à un gouvernement sans Syriza. Les dirigeants de ND, de Syriza et du PASOK ont en vain essayé chacun à leur tour de former une coalition gouvernementale. Le président Papoulias les a ensuite réunis tous les jours depuis dimanche pour chercher une solution, proposant mardi pour envisager la constitution d'une équipe de technocrates ou de personnalités. La Grèce est dirigée depuis novembre par un gouvernement intérimaire d'union nationale ND-PASOK chargé d'appliquer et de faire voter les mesures d'austérité drastique exigées en contrepartie des deux plans d'aide internationale de plusieurs centaines de milliards d'euros qui ont évité la faillite à ce pays lourdement endetté depuis mai 2010. Evangelos Venizelos a affirmé que le chef de la Gauche démocratique, Fotis Kouvelis, avait proposé la mise en place d'un gouvernement pour deux ans à condition qu'il inclue Syriza. "Malheureusement, l'arrogance, les manoeuvres politiciennes et l'opportunisme l'ont emporté", a lâché le leader socialiste. "Nous avons essayé de former un gouvernement qui satisfasse les exigences minimum des électeurs. Notre principale exigence était l'annulation des nouvelles mesures drastiques de réduction des retraites et salaires, et le rétablissement des droits des travailleurs", a déclaré de son côté le chef de Syriza, Alexis Tsipras. Antonis Samaras, à la tête de Nouvelle démocratie, voit les prochaines élections comme "une lutte entre les forces de gauche du nihilisme liguées aux populistes opportunistes (et), de l'autre côté, un front européen, fort et déterminé". Les économistes grecques pensent qu'"il aurait été préférable d'avoir un gouvernement de technocrates", d'autant plus que le scrutin risque selon eux, de nuire au tourisme, qui a représenté 15,7% de l'économie grecque en 2011. L'Autorité grecque des statistiques a annoncé, avant-hier, que l'économie s'était contractée de 6,2% au premier trimestre 2012 par rapport à celui de 2011. Affichant près de 22% de chômage, la Grèce traverse sa cinquième année de récession.