La production de tomate industrielle atteindra 8,2 millions de quintaux (qx) en 2012, contre 7,7 millions qx en 2011, en hausse de 6,5%, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture présentées mardi à Alger. La superficie réservée à la tomate industrielle est presque la même que celle de la saison précédente, soit plus de 18.000 ha, selon les données du ministère communiquées lors d'une réunion du Comité interprofessionnel de la tomate industrielle. La production de la tomate maraîchère devrait enregistrer aussi une légère hausse de 2,5% par rapport à 2011 avec 7,9 millions qx contre 7,7 millions qx lors de la saison précédente. Les rendements se situent entre 260 qx (sur champs) et 1.000 qx voire 3.000 qx/ha sous serre chez certains producteurs. Ces disparités sont liées au système de production et à l'utilisation des techniques modernes qui demeure limitée, selon les professionnels. "Malgré les quelques difficultés enregistrées au début de l'année, globalement, l'année s'annonce bonne et toutes les conditions sont réunies pour réussir la campagne", a affirmé le président du comité, Messaoud Chebah. Les professionnels ont débattu, en présence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, de plusieurs problématiques liées au développement de la filière tomate qui "peine à réaliser les performances souhaitées malgré les potentialités existantes", constatent-ils. "L'objectif d'atteindre 80.000 à 120.000 tonnes de double concentré de tomate par an est dans nos cordes à condition qu'on améliore les rendements à l'hectare", note M. Chebah estimant que les producteurs ne devraient pas réaliser moins de 400 qx/ha. Pour ce faire, "tout le monde doit se mobiliser pour gagner la bataille des rendements. C'est notre leitmotive à l'avenir", a recommandé ce professionnel. Ainsi, pour obtenir ces rendements et pérenniser la filière, les producteurs doivent rompre avec les méthodes archaïques et adopter les techniques de pointes en matière de production et d'utilisation de l'eau. Sur la superficie réservée en 2012 à la tomate industrielle (18.000 ha), 2% seulement sont irrigués par le système d'économie d'eau, dit le goutte à goutte, argumente ce professionnel ajoutant qu'en utilisant ce système d'irrigation moderne on consomme 20 litres d'eau pour obtenir un kg de tomate contre 38 litres avec les veilles méthodes, alors que les rendements vont se multiplier par trois. Les quelques expériences menées par certains agriculteurs ont pu réaliser plus de 1000 qx/ha grâce à l'introduction de techniques modernes. M. Chebah a évoqué la wilaya de Biskra d'où proviennent 50% du cycle de production nationale de la tomate maraîchère, plantée sur 3.000 ha, qui peut satisfaire tous les besoins nationaux et dégager un excédent à l'exportation si les producteurs parviendraient à introduire des techniques modernes. Les unités de transformations doivent également s'impliquer dans le développement de la production nationale en créant des réseaux de producteurs autour des unités de transformation et en accompagnant les agriculteurs dans la maîtrise des techniques de production. Certains professionnels ont souligné la nécessité de changer les mentalités des agriculteurs et des transformateurs notamment en ce qui concerne la souscription aux contrats d'assurance, aux choix variétal et à l'introduction des techniques modernes de production. "L'Etat a mis tous les moyens nécessaires. C'est à nous de faire l'effort pour aller de l'avant", a dit un transformateur de la wilaya de Guelma qui propose de créer un label tomate algérienne. Intervenant à son tour, le ministre a noté que la filière devient de plus en plus importante dans l'économie nationale vu qu'elle réalise en moyenne 52 milliards de DA/an et emploie 30.000 personnes. Mais, a-t-il constaté, la filière n'arrive toujours pas à exploiter les potentialités existantes, et ce, malgré l'effort consenti par l'Etat pour résoudre les problèmes structurels qui frappaient cette activité. "Les problèmes structurels ont été résolus", a dit le ministre citant la décision prise en 2011 par le gouvernement de rééchelonner les dettes des unités industrielles pour qu'elles puissent reprendre leur activité, alors que les soutiens ont été revalorisés. M. Benaïssa a souligné la nécessité de créer des réseaux pour accélérer la cadence de développement et saisir la conjoncture financière actuelle du pays pour construire une croissance internalisée. "Le temps presse et l'Algérie n'est pas à l'abri de la crise économique, donc il faut passer à autre chose", a-t-il averti. Le ministre a exhorté les transformateurs à s'impliquer davantage dans le développement de la production nationale et à investir plus pour améliorer les rendements afin de réduire les importations de tomate qui représentent de 25% à 30% de la consommation nationale.