La filière tomate agonise depuis quelques années et a perdu en termes d'emploi et de production. Première cause directe de ce désastre, les importations massives d'un pays voisin du double et triple concentré de tomates qui ont atteint aujourd'hui un seuil intolérable. Cela a occasionné la disparition de 80.000 postes d'emploi sur les 100.000 que la filière génère dans plusieurs wilayas du pays comme Annaba, El Tarf, Guelma et Skikda notamment. Aussi et afin de faire face à cette concurrence déloyale, les professionnels de la filière se sont réunis jeudi à Alger, s'apprêtant à l'installation prochaine d'un comité interprofessionnel qui devra contribuer à la modernisation de cette activité dont la production a atteint un montant de plus de 16 milliards de DA en 2009. Cette réunion interprofessionnelle, présidée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a permis de faire le point sur le dispositif de développement de cette filière agricole mis en place en 2009. Selon M. Benaissa, sur les 17 unités que compte la filière, 12 seulement continuent à fonctionner avec une capacité de 10.760 ts/jour. Il a, alors, fait savoir que les dossiers de certains transformateurs ayant des contentieux avec les banques ont été transmis récemment au ministère des Finances pour les étudier au cas par cas : "Nous souhaitons trouver un compromis pour que ces unités de transformation, qui ont un rôle dans le développement de la filière, ne soient pas sacrifiés". Les mesures de relance de la filière tomate, apportées par le programme quinquennal 2010-2014 dans son volet agricole, devraient permettre une offre plus importante de tomate maraîchère en misant sur le développement de la culture sous serre et une plus grande maîtrise technique. Ce créneau figure parmi les dix filières agricole stratégiques auxquelles les pouvoirs publics accordent un intérêt particulier en raison de leur contribution à la sécurité alimentaire du pays. Ses différents maillons (producteurs, pépiniéristes, transformateurs, chambres d'agriculture, instituts techniques...) ont convenu de la nécessité d'installer un comité interprofessionnel en vue de développer la filière et d'améliorer sa productivité. "Ces espaces interprofessionnels permettront aux différents maillons de trouver des compromis dans une logique de modernisation et d'amélioration du rendement et de la productivité", a souligné M. Benaïssa. Le ministre a noté, dans ce contexte, que la filière a donné des signes de croissance puisque le rendement à l'hectare est passé de 300 quintaux à 1.200 qx en l'espace de trois ans dans certaines régions de l'est du pays d'où provient 80% de la production nationale. Selon les chiffres du ministère, la superficie consacrée à cette activité est passée de 32.000 ha en 2009 à plus de 38.000 ha en 2010, dont 18.000 ha consacrés à la tomate industrielle. En termes de production, celle de la tomate fraîche s'élevait à 450.000 tonnes en 2009 et elle sera nettement supérieure en 2010, avance un responsable du ministère. La production de tomate maraîchère est réalisée dans 8 wilayas du pays, alors que la tomate destinée à la transformation est produite dans 17 wilayas notamment à l'est. En 2009, la valeur de la production a été estimée à 12,9 milliards DA pour la tomate maraîchère et à 4 milliards DA pour la tomate industrielle, tandis que le nombre d'emplois s'élève à 100.000 personnes. Malgré ce potentiel, la filière fait face à plusieurs dysfonctionnements, notamment celui du financement, de la menace de la ''mineuse'' de la tomate et de la persistance, parfois, de l'utilisation d'équipements archaïques. Ainsi, les professionnels ont demandé au ministre d'intervenir pour résoudre les dossiers concernant les unités de transformation fermées.