Cinquante ans sont passés depuis la signature des Accords d'Evian qui ont mis fin à sept longues années de guerre et 132 ans de colonisation et de crimes coloniaux dont la reconnaissance n'est toujours pas admise par la France. Signés le 18 mars 1962 par les représentants du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et les représentants du gouvernement français, ces accords avaient permis de décréter un cessez-le-feu, le 19 mars de la même année, qui était le point de départ, d'une nouvelle ère, celle de l'autodétermination d'un peuple qui avait consenti de lourds sacrifices pour imposer sa volonté d'indépendance, face à un occupant "longtemps convaincu de son infaillibilité". Il est très important de signaler, dans ce contexte, que la majorité des historiens reconnaissent que le déclenchement de la lutte armée le 1er novembre 1954, n'avait jamais fermé la porte aux négociations pour l'indépendance de l'Algérie, dans la mesure où, les premiers contacts entre le FLN, représentant unique de la résistance nationale et le gouvernement français, avaient déjà débuté secrètement en 1956, notamment, dans le cadre des pourparlers informels entre la délégation extérieure du FLN et Pinaud. Après un premier contact au Caire, les deux parties se rencontrèrent en Yougoslavie, le 26 juillet 1956, la délégation algérienne était conduite par M'hamed Yazid et Ahmed Francis, alors que la partie française était représentée par Pierre Comin. Ainsi, Les premières négociations entre les délégations française et algérienne se solderont par l'échec de Melun en juin 1960, au cours des quelles le gouvernement français demandait la capitulation de l'Armée de libération nationale (ALN), une exigence rejetée par le GPRA. Le 11 décembre 1960, les manifestations populaires à Alger et dans d'autres villes du pays, prennent vite l'allure d'un soulèvement populaire contre le colonialisme, confirmant, de la sorte, le sentiment nationaliste du peuple et son désir de se libérer du joug colonial, au moment où l'Assemblée générale de l'Onu, qui avait inscrit la question algérienne à son ordre du jour, devait en délibérer le 19 décembre 1960. C'est dans ce contexte que la délégation française se trouvait contrainte, sous la pression internationale, de s'asseoir de nouveau autour d'une table pour négocier la fin du conflit armée. En 1961, les pourparlers officiels se poursuivront durant une année jusqu'à la proclamation du cessez-le feu le 19 mars 1962. Des ponts de divergences ont apparus entre le GPRA et le gouvernement français lors des négociations entamées à Lucerne (Suisse) le 20 février 1961. La France tablait sur une autonomie interne, en amputant le Sahara du territoire algérien, où les Français exploitaient le pétrole algérien depuis 1956 et procédait à des essais nucléaires, en proposant des solutions allant dans le sens du morcellement de l'Algérie en plusieurs ethnies ainsi que la trêve, comme préalable à toutes négociations. La délégation du GPRA avait refusé ces conditions, et avait plaidé fermement pour la pleine souveraineté, l'intégrité du territoire algérien avec le Sahara comme partie intégrante de l'Algérie. Après la condamnation internationale de la politique française, dans les foras internationaux, en septembre 1961, la France se trouve dans une posture telle qu'elle avait reculé pour reprendre les pourparlers avec le FLN. Les différentes négociations entre les deux parties se soldèrent toutes par un échec. Intervinrent alors les négociations d'Evian, dans la vielle frontalière d'Evian-les-Bains (Haute-Savoie, France). La délégation algérienne était conduite par Krim Belkacem, ministre des Affaires étrangères du GPRA, tandis que la délégation française était conduite par Louis Joxe. Il y eut deux rounds de négociations à Evian, après l'intermède de Lugrin. Après d'âpres négociations, menées par une délégation algérienne convaincue de la justesse de la cause nationale, l'indépendance totale de l'Algérie est reconnue dans l'intégrité absolue de son territoire. Le 19 mars 1962, prend effet un cessez-le feu, sous tendue par la détermination d'une période transitoire et l'organisation d'un référendum d'autodétermination le 1er juillet en Algérie ayant permis la ratification de l'indépendance nationale le 5 juillet 1962. La victoire remportée par l'Algérie au terme de ces négociations a été couronnée par la reconnaissance par la partie Française de la souverainement nationale algérienne sans amputation d'aucune partie de son territoire.