Quelque neuf cents (900) soldats Français ont déserté l'armée d'occupation française en Algérie entre 1954 et 1962 (guerre de libération nationale) pour refuser de prendre part aux exactions contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance, a indiqué vendredi à Alger l'historien français M. Tramor Quemeneur. "Parmi douze mille Français ayant refusé la guerre contre l'Algérie, 900 étaient des déserteurs", a précisé l'historien dans une intervention au colloque de trois jours qu'organise le quotidien El Watan, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance. "Contrairement à ce que l'on croyait, le refus (de cette guerre) au sein des soldats et des civils français était très important", a affirmé le conférencier, ajoutant que nombreux parmi eux "ont risqué leur vie à cause de leur position". Entre octobre et septembre 1955 près de 50 manifestations ont eu lieu en France, pour dénoncer la guerre coloniale et empêcher par la même le départ de trains réquisitionnés pour le transport de troupes envoyées pour renforcer les effectifs de l'armée d'occupation coloniale en Algérie, a rappelé M. Quemeneur. Le mois d'octobre de la même année a enregistré pas moins de 55 émeutes devant des casernes, en signe d'opposition à l'envoi de soldats vers l'Algérie, a, en outre, précisé M. Quemeneur. Au quartier Saint Michel à Paris, une autre manifestation baptisée "lutte contre le mal" avait été déclenchée et lors de laquelle des soldats distribuaient des tracts appelant à la désobéissance. Parmi les déserteurs les plus connus, figurait Henri Maillot, mobilisé par l'armée française en 1956 avec le grade d'Aspirant, Henri Maillot déserta le 4 avril de la même année de son bataillon stationné dans la région de Méliana et il détourna un camion d'armes à destination des maquis de la wilaya IV. Il tomba sous les balles de l'armée coloniale le 5 juin 1956 dans la région de Chlef, après avoir livré un combat héroïque, rappelle-t-on. Dans le même contexte, le conférencier a rappelé que certains soldats ont même "fourni des renseignements à l'Armée de libération nationale (ALN)". Par ailleurs, en 1960, à l'occasion du procès du réseau Francis Jeanson (Porteurs de valises), une centaine de personnalités françaises publient le "Manifeste des 121" pour dénoncer "la guerre sans nom" dans une déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie. Parmi les signataires figurent Jean Paul Sartre, Simone De Beauvoir, Dionys Mascolo et Maurice Blanchot. Un texte auquel se rallièrent, en plus des Français des signataires du monde entier, a relaté l'historien français.