L'émissaire international pour la Syrie Kofi Annan doit rendre compte mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU de sa récente tournée dans la région, au moment où l'opposition syrienne rejette tout dialogue avec le régime, à quelques jours de la fin du mandat de la mission onusienne dans ce pays le 21 juillet. M. Annan s'est rendu cette semaine en Syrie, en Iran et en Irak pour discuter de la crise syrienne et évoquer les moyens de mettre un terme aux violences meurtrières qui durent depuis plus de 15 mois, malgré les efforts qu'il a déployé en vue de faire appliquer son plan de paix. Il a eu des entretiens "constructifs" à Damas avec le président syrien Bachar Al-Assad ainsi qu'avec le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem. Il a reçu l'engagement du président Al-Assad à le mettre en œuvre "de façon beaucoup plus rigoureuse qu'il ne l'a été jusqu'à présent". MM. Annan et Al-Assad se sont mis d'accord lundi sur une approche pour mettre fin à la violence. "Nous nous sommes mis d'accord sur une approche que je présenterai à l'opposition armée", avait affirmé l'envoyé spécial. Officiellement accepté par le gouvernement et par l'opposition il y a trois mois, le plan de paix rédigé par Annan en six points, qui comprend notamment un cessez-le-feu, est jusqu'à présent resté lettre morte. Mercredi, "je rendrai compte au Conseil de sécurité" des Nations unies de cette tournée", a déclaré l'émissaire international lors d'une conférence de presse mardi à Baghdad, peu après avoir rencontré le chef du gouvernement irakien Nouri Al-Maliki. Cette tournée de Kofi Annan dans la région intervient quelques jours avant la fin du mandat de la mission des observateurs en Syrie (Misnus) qui doit s'achever le 21 juillet. Déployée à la mi-avril, la Misnus compte près de 300 militaires non armés répartis dans plusieurs villes de Syrie, ainsi qu'une centaine d'experts civils. Ses patrouilles ont été suspendues à la mi-juin en raison de la persistance des combats. On s'interroge sur l'avenir de cette mission chargée d'observer l'application du cessez-le-feu devenu "obsolète" avec la poursuite des combats entre les forces gouvernementales syriennes et l'opposition armée qui réclame le départ du président Bachar Al-Assad. "Je suis persuadé que le Conseil prendra les mesures qui s'imposent, et décidera du sort de la MISNUS, la mission des observateurs sur le terrain dont le mandat expire le 21 juillet", a jugé Kofi Annan. La Russie, principal allié de la Syrie, a proposé pour sa part de prolonger de trois mois le mandat de la mission onusienne dans ce pays, et ce en "tenant compte" des recommandations faites par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Sur ce sujet, Moscou a présenté un projet de résolution, mais n'évoque de sanctions à l'égard de Damas, tout en soulignant "qu'il revient au peuple syrien de trouver une solution politique". Vendredi dernier, le SG de l'ONU a exprimé dans un rapport sa volonté de voir cette mission jouer un rôle plus politique dans le but de "faciliter un dialogue" entre le pouvoir et l'opposition syriens. Il avait a indiqué vouloir "maximiser les capacités de la Misnus visant à faciliter un dialogue politique" entre pouvoir et opposition en Syrie et prévoit aussi de "redéployer (la Mission) du terrain vers la capitale (Damas) pour minimiser les risques". Selon le chef de l'ONU, "une présence maintenue, réorientée pour porter à leur maximum les capacités de la Misnus de faciliter un dialogue politique (...) semble préférable dans les conditions actuelles". Le rapport de Ban Ki-moon avait été transmis aux 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU qui doivent prendre une décision sur le renouvellement ou l'aménagement du mandat de la mission. Cette visite de l'émissaire international en Syrie a été toutefois critiquée la principale coalition de l'opposition le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe des opposants à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le CNS, dont le chef, Abdel Basset Sayda a été reçu dans la journée à Moscou par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé M. Annan d'avoir choisi "de rencontrer des symboles du régime tout en ne participant pas à la conférence des Amis du peuple syrien à Paris à la grande surprise des pays participants". Abdel Basset Sayda a souligné "au nom de toute l'opposition populaire syrienne qu'il ne peut pas être question d'un dialogue, tant qu'Al-Assad ne sera pas parti". Lors de la conférence "des Amis du peuple syrien" tenue vendredi dernier à Paris, les pays participants ont appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à durcir le ton envers le régime syrien et à adopter "d'urgence" une résolution contraignante, "sous chapitre VII", endossant le plan de Kofi Annan, et l'accord souscrit la semaine dernière à Genève sur une transition politique en Syrie.