ABEBA - Les consultations menées sur la situation au Mali et le communiqué du sommet du Conseil de paix et sécurité (CPS) dénotent une "convergence totale" de l'ensemble des Etats africains quant à une solution politique au Mali préservant l'intégrité territoriale de ce pays, a indiqué dimanche à Addis-Abeba le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra. "A la faveur de toutes les consultations et à la lecture du communiqué ayant sanctionné le sommet du CPS, il en ressort qu'il y a une convergence totale d'analyses et d'actions de l'ensemble des acteurs africains", sur la question malienne, a déclaré M. Lamamra à la presse, précisant qu'il s'agit "de donner toute sa chance à la recherche d'une solution politique à la crise malienne". Cette solution politique consiste, a-t-il ajouté, en la mise en place par les forces maliennes d'un gouvernement d'union nationale dans les délais "les plus rapprochés" (avant le 31 juillet 2012) car, a-t-il expliqué, le gouvernement d'union nationale "gagnera en légitimité, en force, en stabilité et en capacité à formuler très rapidement une feuille de route pour la gestion de la période transitoire de 12 mois". "Cette feuille de route devra nécessairement inclure la prise en charge des exigences du règlement de la crise dans le nord du Mali", a-t-il encore précisé. "Nous avons confiance que, sur la base des décisions arrêtées par le CPS, nous parviendrons à aider nos frères maliens à réaliser cette première étape (gouvernement national) nécessaire à la restructuration, la construction et le renforcement du propre secteur de défense et de sécurité malien afin que les Maliens eux-mêmes puissent être prêts à assumer leurs responsabilités régaliennes face aux exigences de sortie de crise rapide" a soutenu M. Lamamra. Il a ajouté que cela est à même de "restaurer la souveraineté, l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali". Evoquant la réunion du CPS, tenue samedi à Addis-Abeba, M. Lamamra a souligné que le point sur le Mali était "extrêmement important" en ce sens qu'il s'est agit pour le CPS "d'harmoniser les points de vue et de dégager des modes opératoires pour mobiliser l'action africaine commune, qu'il s'agisse de l'action des pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), des pays du champ ou des pays africains représentant l'Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies". Pour le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, la réunion du CPS était un "moment important de la conception de la démarche africaine commune sur la base de la confirmation de ce tout qui a été déjà arrêté par les instances de l'UA et les sommets successifs de la CEDEAO ainsi que par la concertation entre les ministres des pays du champ (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie), y compris celle qui s'est tenue à Nouakchott". Les pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ont également eu cet "apport" avec la récente réunion ministérielle à Alger, qui a eu le mérite, a-t-il fait observer, de "diriger une lumière crue sur les dangers, les enjeux de la situation sécuritaire affectant la région du Maghreb à partir de la région sahélo-saharienne". Pour ce qui est des groupes terroristes et des réseaux criminels, M. Lamamra a estimé que les pays de la région "d'abord et avant tout" doivent se mobiliser davantage sur la base du "partage des valeurs, du partage des aspirations et d'un partage équitable des sacrifices" pour faire en sorte que les réseaux terroristes et criminels puissent "subir la rigueur que leur réserve la loi". Le commissaire à la paix et la sécurité avait souligné samedi les efforts de l'Algérie et de la médiation burkinabé, pour le compte de la CEDEAO, car, a-t-il expliqué, il s'agit de "détacher autant que faire se peut le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) de la revendication séparatiste et d'éloigner aussi le groupe terroriste Ansar Eddine de l'autre groupe terroriste Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique)". "Une fois que les groupes maliens auront accepté la logique de la réconciliation, de l'unité nationales et de l'intégrité territoriale, il y a des possibilités de bâtir sur les accords qui existent déjà, tels le pacte national et les Accords d'Alger", avait affirmé M. Lamamra, précisant que cette démarche pourrait ouvrir une "nouvelle perspective à un Mali démocratique et convivial où tous les citoyens seront égaux en droits et devoirs". De son côté, le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, M. Ally Coulibaly, dont le pays préside la CEDEAO, a déclaré que le dialogue "n'est pas rompu" au Mali, "souhaitant qu'une solution négociée" soit trouvée. Toutefois, il s'est demandé "avec qui négocier au Mali et comment ?", estimant que "l'armée malienne a besoin de se reconstituer presque entièrement". En ce sens, M. Coulibaly a relevé "l'affaiblissement de l'Etat dans le sud du pays (Bamako)", ce qui est, a-t-il dit, "une chance pour les extrémistes au Nord". M. Coulibaly, qui occupait le poste d'ambassadeur en France, avant d'être nommé ministre du gouvernement le mois de mai dernier, a appelé à "renforcer d'abord l'ordre constitutionnel au Mali avec la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, représentatif de toutes la diversité du peuple malien, avant de déployer les forces de la CEDEAO au sud à Bamako pour soutenir l'armée malienne et l'aider à se reconstruire et pouvoir remplir ses missions régaliennes, à savoir la protection des biens, des personnes et du territoire". Il a estimé, en outre, que la situation au Mali "s'aggrave" du fait de la "violation des droits de l'homme, des destructions de mausolées et tout le patrimoine culturel et historique du pays", indiquant "craindre l'installation d'une sorte d'internationale extrémiste au Nord et qui risque de descendre au Sud". Le ministre ivoirien a constaté aussi que la zone sahélienne abrite tous les genres de trafic, notant qu'elle sert de "transit pour le tiers de la cocaïne consommée en Europe". Tout en précisant que les pays de la CEDEAO parlent "de la même voix", il a dit "craindre la +somalisation+ de la région du Sahel pour ne pas dire l'installation d'un Afghanistan bis".