Le recours à la force au Mali n'est pas considéré comme étant susceptible d'influer positivement sur l'évolution de la situation dans ce pays, a indiqué samedi à Addis-Abeba, le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'UA. «Au Mali la situation est complexe et le recours à la force n'est pas du tout confirmée ou considérée comme étant susceptible d'influer positivement sur l'évolution de la situation», a indiqué M.Lamamra dans une déclaration à la presse internationale. Il s'exprimait à la veille de la 19e Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, qui s'ouvre aujourd'hui et qui se tient jusqu'à demain à Addis-Abeba. Interrogé sur une éventuelle «intervention militaire» dont la presse internationale fait échos, consécutivement à des déclarations de diplomates, M.Lamamra a fait observer que «ces propos doivent être mis dans leurs contextes». «Il y a des déclarations (sur l'intervention militaire) destinées à la consommation interne et d'autres qui se font dans un contexte particulier, alors que d'autres sont utilisées en dehors de leur contexte», a constaté M.Lamamra, soulignant que «la logique prévalant actuellement tend à épuiser tous les moyens pacifiques». «L'urgence aujourd'hui au Mali est de mettre en place un gouvernement représentatif et inclusif à Bamako, en mesure de représenter la souveraineté nationale et de prendre des dispositions afin que durant la période transitoire d'une année, il puisse y avoir un calendrier électoral et éventuellement des amendements à la Constitution», a-t-il encore expliqué. Il a fait savoir à cet effet qu'une Chambre haute qui représente le territoire (la Chambre basse représentant la population) a été envisagée il y a quelques mois au Mali, ce qui est perçu, a-t-il expliqué, comme un moyen de veiller à ce qu'un certain nombre de citoyens du Nord du Mali aient le sentiment que leur «marginalisation» puisse être dissipée par une nouvelle organisation des pouvoirs publics et une participation accrue à la gestion des affaires de la nation et de la collectivité. Pour M.Lamamra, il y a au Mali trois séries de problèmes qui s'accumulent pour «accroître la complicité et la sensibilité» de la situation, à savoir les problèmes de gouvernance qui se posent à Bamako entre la capitale et le Nord du pays, les problèmes affectant l'unité nationale et l'intégrité territoriale du pays et enfin les problèmes de sécurités devenus «malheureusement structurels», engendrés par le terrorisme et le crime transnational organisé. Le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'UA a ainsi estimé qu'il n'y a pas de «solution miracle» à même de régler tous les problèmes en même temps, sachant, a-t-il soutenu, que le combat contre le terrorisme et la criminalité organisée est une lutte de longue haleine. «Il est nécessaire d'organiser la coopération régionale la plus efficace, c'est-à-dire que les pays de la région adhèrent aux mêmes valeurs et consentent des sacrifices comparables», a-t-il préconisé, soulignant que l'intégrité territoriale et l'unité nationale ne peuvent durer que si elles seraient la résultante de dialogue et de solution nationale servant les intérêts à long terme du Mali. Dans le même ordre d'idées, M.Lamamra a mis l'accent sur «l'importance» de la négociation et de la médiation au Mali, soutenant qu'il appartient aux Maliens d'arriver à des solutions. M.Lamamra a relevé, par ailleurs, les efforts de l'Algérie et de la médiation burkinabé pour le compte de la Cédéao car, a-t-il expliqué, il s'agit de «détacher autant que faire se peut le Mnla (Mouvement national de libération de l'Azawed) de la revendication séparatiste et d'éloigner aussi le groupe terroriste Ansar Eddine de l'autre groupe terroriste Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique)». «Une fois que les groupes maliens auront accepté la logique de la réconciliation, de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale, il y a des possibilités de bâtir sur les accords qui existent déjà, tels le pacte national et les Accords d'Alger», a indiqué M.Lamamra, précisant que cette démarche pourrait ouvrir une «nouvelle perspective à un Mali démocratique et convivial où tous les citoyens seront égaux en droits et devoirs». Pour le Commissaire de l'UA à la Paix et à la Sécurité, la «solution africaine» doit être appliquée à tous les conflits dans le continent, soulignant à cet égard que la recherche de la solution par la voie pacifique est la «raison d'être» de l'UA. «Quand l'Afrique est unie et développe des positions consensuelles, le reste de la communauté internationale nous appuie», a fait remarquer M.Lamamra. Il a ainsi relevé que pendant le premier semestre 2012, sur une douzaine de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant les problèmes africains, la moitié de ces résolutions comportent des textes émanant de l'UA, qu'il s'agisse du Soudan, du Mali, de la Somalie ou de la coopération stratégique entre l'ONU et l'UA. «Il y a beaucoup d'espace pour des solutions africaines pour peu que nous continuons à travailler avec l'esprit qui nous anime jusqu'à présent», a conclu M.Lamamra.