Depuis l'indépendance à nos jours, l'hôpital psychiatrique de ''Joinville'' ou Frantz Fanon a toujours fait la réputation de la ville de Blida, comme étant un haut lieu national en matière de prestations médicales spécialisées. Cette renommée fort méritée, l'hôpital de Joinville la doit au grand psychiatre Frantz Fanon, un militant de la cause nationale algérienne, dont l'histoire retiendra pour toujours le nom pour ses efforts et soins prodigués au profit des malades atteints de troubles psychiques et psychologiques. Joinville : un hôpital psychiatrique promu en centre sanitaire d'excellence Ce médecin émérite avait lancé, à l'âge de 30 ans, les bases de l'école algérienne de santé mentale, créée alors sur les décombres de l'école française, qui étendait la ségrégation raciale, exercée sur le peuple algérien, aux malades algériens atteints de troubles mentaux. C'est avec l'arrivée du docteur Fanon à Joinville, que les malades algériens furent libérés de ces pratiques ségrégationnistes. Il développa à leur profit de nouvelles méthodes de soins, reposant sur leur intégration dans des ateliers de travail, d'écoute de musique et de pratiques sportives, de football notamment. Ce qui constitua alors une véritable révolution dans la médecine mentale. Cette nouvelle approche thérapeutique jeta, par ailleurs, les bases de "l'humanisation" de la santé mentale et de l'intégration sociale des malades. Les aménagements déjà existants, à l'époque, au niveau de l'hôpital de Joinville, qui disposait de larges espaces verts, y furent pour beaucoup dans le développement de cette nouvelle pratique médicale, qui permit la création, entre autres, d'une ferme pilote d'élevage animal, et d'un potager, dont l'entretien revenait aux malades, qui assuraient une quasi-autosuffisance à l'hôpital en matière de légumes et lait frais. L'hôpital disposait, en outre, d'une salle de cinéma et d'un terrain de jeux. Le succès de cette nouvelle méthode de travail en plein air était d'ailleurs tel, qu'elle fut abordée par Albert Camus dans son roman "L'étranger". Elle fut aussi adoptée par de nombreux psychiatres français C'est, également, ce succès qui fit de cet hôpital le meilleur établissement psychiatrique à l'échelle nationale, voire même africaine, et qui contribua, par là même, à promouvoir cette structure, vers le milieu des années 90 du siècle dernier, en centre hospitalo-universitaire (CHU), qui consacra véritablement la wilaya de Blida comme pôle sanitaire d'excellence. Après l'indépendance, le CHU de Blida (qui s'étendait sur une surface de 30 ha) continua sur sa belle lancée, jusqu'aux années 1970, où il fut doté de nouvelles spécialités médicales et autres services, dont le service de chirurgie générale et de radiologie, puis le centre d'oncologie. Un centre de traitement de la maladie d'Alzheimer et un institut national de néphrologie y sont également prévus. Une équipe chirurgicale pluridisciplinaire L'équipe chirurgicale pluridisciplinaire (ORL, cardiologues et néphrologues notamment) du CHU de Blida a réussi la gageur de la réalisation avec succès de nombreuses opérations chirurgicales, dites de pointe, dont des greffes rénales sur donneurs vivant ou cadavérique et autres greffes de cornées. L'équipe du service ophtalmologique est la plus sollicitée en la matière. Elle a réalisé, depuis 1987, des centaines d'opérations chirurgicales diverses au profit de citoyens de pas moins de 25 wilayas du pays. Le rôle de ce service est allé crescendo, ces 5 dernières années, particulièrement depuis sa dotation en matériel radiologique de pointe destiné à la chirurgie complexe des yeux, ainsi que d'un appareil laser et de 3 services équipés pour la prise en charge des malades, dont un taux de 80% considérés comme étant a revenu modeste. L'équipe chirurgicale de ce service s'apprête, cette année, à franchir un nouveau cap, en réalisant pour la première fois une opération relative à un décollement de la rétine, soit de quoi réduire sensiblement, à l'avenir, le flux des malades locaux vers les wilayas voisines pour ce genre de prestations. L'équipe du service néphrologique a, pour sa part, réussi, depuis sa création en 2003, plus de 70 greffes de rein, sur des insuffisants rénaux chroniques. "Cette expérience habilite notre équipe, aujourd'hui, à la réalisation de greffes sur des donneurs cadavériques", estime le professeur Si Ahmed, qui signale que "l'insuffisance rénale est la maladie la plus coûteuse après le cancer". Ce spécialiste a, également, souligné la nécessité d'intensifier la sensibilisation sur le don de rein, réduit actuellement aux seuls membres de la famille de premier degré. Des efforts sont initiés en direction des familles de malades en mort clinique, en vue de les convaincre de la nécessité du don de leurs organes, est-il souligné. En 2010, cette équipe avait réussi une grande première en prélevant les reins d'un jeune homme décédé, pour les greffer sur deux insuffisants rénaux d'Alger et Tizi-Ouzou. Le centre de traitement de la maladie d'Alzheimer : le deuxième en Afrique Les malades atteints du syndrome d'Alzheimer pourront être traités, dans un avenir proche, au niveau du premier centre national destiné à cette pathologie, actuellement en chantier dans le périmètre de l'hôpital Frantz Fanon. Il est considéré comme le second à l'échelle africaine après celui de Tunis. La réalisation de ce projet répond à la nécessité de la prise en charge du nombre sans cesse croissant de personnes atteintes de ce type de maladie (environ 100.000 malades actuellement). Son encadrement sera assuré par une équipe médicale spécialisée, composée en grande majorité de médecins algériens résidant à l'étranger, qui se sont engagé à "offrir leur contribution" en la matière, a-t-on indiqué à la direction locale de la santé, de la population et de la réforme hospitalière. La concrétisation de cette structure hospitalière est inscrite au titre de la politique nationale visant l'amélioration des prestations du secteur, mais surtout la réduction de la facture découlant des transferts des malades à l'étranger, estimée à 10 millions de dinars pour chaque malade transféré, est-il précisé. Un autre établissement dédié au renforcement du secteur de la santé à Blida, et non des moindres, est également programmé à la réalisation à El Afroune (à l'ouest de la wilaya). Il s'agit de l'Institut africain paramédical, destiné à la formation de paramédicaux pour différents pays africains. Le premier institut africain de néphrologie La vocation médicale nationale de la wilaya de Blida sera promue à un niveau continental, avec le parachèvement de l'équipement de l'Institut national de néphrologie, le premier du genre à l'échelle africaine. Sa réception et mise en service sont imminentes, selon la même source, qui souligne sa dotation en équipements médicaux de pointe dont un scanner, et des appareils de radiologie interne, entre autres. Des salles d'examens et d'analyses médicales, ainsi que des blocs opératoires sont, également, disponibles dans cet Institut médical, spécialement conçu pour la meilleure prise en charge des malades du rein et de l'appareil urinaire. Une mission académique d'envergure est, par ailleurs, assignée à ce premier institut africain du genre, doté d'une salle de conférence de 330 places, et réservée à l'accueil des dernières s recherches et études inhérentes à la néphrologie et à l'appareil urinaire. Ce pole scientifique d'importance, dont le président de la République avait posé la première pierre en 2006, est appelé à jouer un rôle primordial en matière de chirurgie, de recherche, d'hémodialyse et de greffe des organes, est-il ajouté.