Le Conseil national de transition (CNT) en Libye a cédé les pouvoirs à l'assemblée issue des élections du 7 juillet, inaugurant ainsi une nouvelle ère pour la Libye avec le défi de reconstruire et de rétablir la sécurité et la stabilité du pays. La cérémonie de passation de pouvoir s'est déroulée mercredi soir à Tripoli, en présence des membres du CNT et du gouvernement et des chefs de partis ainsi que des représentants des missions diplomatiques en Libye. "Je remets nos prérogatives constitutionnelles au Congrès général national qui est désormais le représentant légitime du peuple libyen", a déclaré à l'occasion le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, qui a remis symboliquement le pouvoir à Mohammed Ali Salim, le doyen des 200 membres du Congrès général national (CGN) élus il y a un mois lors du premier scrutin libre en Libye. Dans son discours, M. Abdeljalil a salué "une première passation de pouvoir dans l'histoire de la Libye" qui représente un "moment historique" pour les Libyens et annoncé qu'il prenait sa retraite. Le président du CNT a souligné après la passation de pouvoir que le Conseil de transition, formé au printemps 2011 dans la foulée de la révolte populaire contre le régime de Mâammar El Gueddafi, a réussi à faire sortir la Libye de la période de révolution vers celle de la construction d'un Etat. "Le transfert de pouvoir au CGN s'est fait grâce à l'union du peuple libyen autour du CNT", a-t-il déclaré, en notant que la révolte populaire avait connu des erreurs qui doivent être considérées en fonction de cette période cruciale dans l'histoire de la Libye. Les 200 membres du CGN ont prêté serment devant le président de la Cour suprême libyenne. "Maintenant le CNT n'existe plus. Il est dissout", a déclaré un membre du Conseil. Le CGN, issu des élections du 7 juillet, sera chargé de choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT qui devrait être dissous lors de sa première session. Il devra conduire le pays à de nouvelles élections sur la base d'une nouvelle Constitution. L'Alliance des forces nationales (AFN), qui réunit plus de 40 petits partis libéraux autour d'architectes de la révolution de 2011, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques. Le Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Les 120 sièges restants ont été attribués à des candidats indépendants. Le Congrès général national doit élire jeudi son président et deux vice-présidents pour éviter un vide juridique, a affirmé un membre du congrès. Selon l'agence de presse libyenne LANA, le CGN doit entamer officiellement son travail cette semaine. L'assemblée libyenne doit former un gouvernement, à sa tête un nouveau Premier ministre pour voter les lois du pays après la rédaction d'une nouvelle Constitution l'année prochaine. Abdel Rahim al-Kib qui dirige l'actuel exécutif par intérim devrait assurer la gestion des affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement, dans un délai de 30 jours après la première réunion du Parlement. Selon un parlementaire libyen, l'une des tâches les plus urgentes du Congrès serait d'assurer la sécurité et de collecter les armes en circulation, tout en évitant une confrontation avec les rebelles ayant refusé de déposer les armes. La sécurité est l'un des enjeux les plus importants pour la Libye de la période poste El Gueddafi, surtout avec la présence de groupes armés formés d'anciens rebelles qui n'ont pas déposé les armes où qui gardent des arsenaux de l'ancienne armée libyenne. Ces derniers mois, la Libye a été le théâtre de série d'attaques et d'affrontements entre groupes armés qui cherchent à protéger leurs intérêts et leur influence dans les nouvelles instances dirigeantes du pays. Début août, une attaque à la bombe a endommagé le bâtiment de l'intelligence militaire de Benghazi, deuxième plus grande ville de Libye.