Le Conseil national de transition libyen (CNT) devait remettre dans la soirée d'hier les rênes du pays à l'assemblée issue des élections du 7 juillet, au cours d'une cérémonie symbolique marquant la première transition pacifique du pouvoir après plus de quarante ans de dictature. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, doit remettre symboliquement le pouvoir au doyen des 200 membres du Congrès général national (CGN) élus il y a un mois lors du premier scrutin libre en Libye. Tous les deux doivent prononcer des discours, selon Mokhtar Jadal, membre du CNT. En raison du mois de jeûne de Ramadhan, la cérémonie qui devrait durer deux heures doit commencer tard dans la nuit dans une luxueuse salle de conférence d'un hôtel de la capitale libyenne, où siègera désormais le CGN dans une autre salle aménagée au deuxième étage du bâtiment. Les autorités ont pris des mesures de sécurité exceptionnelles, notamment après une escalade de la violence dans plusieurs régions du pays ces derniers jours. Le ministère de l'Intérieur a ainsi annoncé hier qu'il bouclait le périmètre de l'hôtel et que «toutes les routes proches ou menant à la salle de conférences seront fermées» de 17h00 à 01h00 GMT. Des représentants de la société civile et des missions diplomatiques en Libye, ainsi que les membres du CNT et du gouvernement doivent assister à la cérémonie. L'assemblée élue devrait entamer officiellement ses travaux dans une semaine, selon l'agence libyenne Lana. Le CGN sera chargé de choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT, qui devrait être dissous lors de la première session du Congrès. Il devra conduire le pays à de nouvelles élections sur la base d'une nouvelle Constitution. Les membres du Congrès ont tenu lundi soir une réunion informelle au cours de laquelle ils se sont mis d'accord sur la nécessité d'élire un président et deux vice-présidents de l'assemblée d'ici une semaine, selon Salah Jaouda, élu indépendant venu de la ville de Benghazi (est). Un comité devrait être par ailleurs choisi pour rédiger le règlement intérieur du CGN. Le Congrès général national est issu des élections historiques du 7 juillet, qui avaient été saluées par la communauté internationale. L'Alliance des forces nationales (AFN), une coalition de plus de 40 petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011 contre le colonel El Gueddafi, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques. Le Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Les 120 sièges restants ont été attribués à des candidats indépendants aux allégeances et convictions encore floues mais qui sont très courtisés par les partis. M. Jaouda a écarté qu'un nouveau gouvernement soit nommé avant la fête de l'Aid al-Fitr qui marque la fin du mois de jeûne de Ramadhan, prévue dans dix jours. Le CNT actuellement au pouvoir était l'organe politique de la rébellion qui a fait tomber le régime de Mouamar El Gueddafi, avant de prendre officiellement la tête du pays avec la chute de l'ancien guide libyen, tué en octobre dernier après plus de quarante ans au pouvoir. Il a conduit une période de transition mouvementée marquée par des violences, après son échec à intégrer ou désarmer les ex-rebelles ayant combattu le régime d'El Gueddafi, et s'étant organisés par la suite en milices lourdement armées qui font la loi dans le pays.