Mustapha Abdeljallil a annoncé hier la dissolution du CNT dès l'annonce officielle des résultats du scrutin Les bureaux de vote ont ouvert hier matin en Libye pour l'élection de la première assemblée nationale de l'ère post-El Gueddafi, dans une ambiance festive malgré des tensions dans l'Est. Huit mois après la fin du conflit armé qui a provoqué la chute puis la mort de Mouamar El Gueddafi, quelque 2,7 millions d'électeurs sont appelés à choisir les 200 membres du «Congrès national général», où les islamistes espèrent remporter le même succès que leurs voisins tunisiens et égyptiens. Dans l'Est, plusieurs bureaux de vote n'ont pas ouvert à Ajdabiya et dans des villes oasis comme Jalo et Ojla en raison de perturbations provoquées par des militants autonomistes dénonçant la répartition des sièges au sein de la future assemblée (100 sièges pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 40 pour le Sud). Au total, «92% des bureaux de vote sont ouverts», a cependant assuré un haut responsable électoral à Tripoli, expliquant que la commission électorale cherchait des solutions pour les bureaux concernés mais que le scrutin ne serait pas reporté dans ces régions. Les bureaux de vote resteront ouverts jusqu'à 20h00 (18h00 GMT), et les résultats préliminaires devraient être annoncés «à partir de lundi ou mardi», selon la Commission électorale. A Tripoli comme à Benghazi, la grande ville de l'Est berceau de la révolte de 2011, les bureaux de vote voyaient passer un flot nourri d'électeurs ravis de participer aux premier scrutin national en près d'un demi-siècle. «Ma joie est indescriptible. C'est un jour historique», a déclaré Fawziya Omran, 40 ans, en patientant devant le bureau de vote de l'école Ali Abdullah Warith, dans le coeur de la capitale libyenne. «Je me sens un citoyen libre. ça résume tout», s'est réjoui Ali Abdallah Derwich, 80 ans, venu en chaise roulante et incapable de se rappeler la dernière fois où il a été invité à se prononcer sur la vie de son pays. La joie était tout aussi palpable à Benghazi, malgré les appels au boycott et au sabotage du scrutin lancés par les partisans de l'autonomie. «J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée jusqu'à présent, mais maintenant mes enfants auront une vie meilleure. Tout ce dont ils ont besoin, c'est d'une impulsion, et je crois que les nouveaux dirigeants donneront cette impulsion», a déclaré Hueida Abdul Sheikh, 47 ans, parmi les premières à aller voter. En votant hier matin dans sa ville de Baïda (est), Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT au pouvoir) qui doit s'effacer devant la nouvelle assemblée, a estimé que situation était «excellente». Avec 3702 candidats et plus de 100 partis en lice, les pronostics sont difficiles, mais trois formations sortent du lot: les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, ceux d'Al-Watan, dirigés par l'ex-chef militaire controversé de Tripoli Abdelhakim Belhaj, et les libéraux réunis dans une coalition lancée par l'ex-Premier ministre du CNT Mahmoud Jibril. Avant le scrutin, la semaine a été marquée par des tensions dans l'Est, qui ont culminé vendredi avec la mort d'un fonctionnaire de la commission électorale, tué par un tir à l'arme légère sur l'hélicoptère à bord duquel il se trouvait au sud de Benghazi. Auparavant, plusieurs importants terminaux pétroliers de l'Est ont été sommés jeudi soir par des partisans de l'autonomie de cesser leurs opérations jusqu'à la fin du scrutin. «Nous allons continuer nos manifestations jusqu'à ce soir (samedi). Si les autorités ne revoient pas la répartition des sièges, nous allons envisager d'autres mesures», a prévenu l'un des leaders des protestataires, Ibrahim al-Jadhran. A 1000 km de Tripoli, Benghazi a été pendant de longs mois la capitale de la rébellion lancée en février 2011, qui s'est transformée en conflit armé et a abouti, grâce à un appui militaire international, à la chute de Tripoli en août et à la mort d'El Gueddafi en octobre. Pour tenter de calmer la colère des militants de l'Est, le CNT a ôté jeudi à la prochaine assemblée l'une de ses principales prérogatives, celle de désigner les membres du comité chargé de rédiger la future Constitution. La composition de ce comité devrait faire l'objet d'un nouveau scrutin, et chacune des trois régions y enverra 20 membres. En attendant, le Congrès général national sera chargé de choisir un nouveau gouvernement et de gérer une nouvelle période de transition, en prenant le relais du CNT qui devrait être dissous lors de la première session de l'assemblée. Le CNT sera dissous Le Conseil national de transition (CNT) sera dissous après la publication des résultats des élections de l'Assemblée constituante nationale, a déclaré hier son président, Mostafa Abdel-Jalil. Le CNT, créé pendant les violences en 2011, qui a mené au renversement de l'ancien dirigeant Mouammar El Gueddafi, sera officiellement dissous après la publication des résultats des élections de samedi, a déclaré M.Jalil. «La Libye passera d'une ère de transition à une ère de reconstruction», a-t-il indiqué. La nouvelle assemblée, qui comptera 200 membres, est appelée à remplacer le Conseil national de transition, et sera chargée de superviser le travail du gouvernement et des experts dans la rédaction d'une nouvelle Constitution.