Les évacuations de campements Roms, jugés illicites en France, continuaient mardi de susciter de vives réactions de la part de collectifs de défenseurs des droits humains qui se disent inquiets du devenir de ces minorités, au moment où l'action publique semble recueillir l'assentiment tant d'acteurs politiques que des citoyens français. Réagissant à l'expulsion dans la matinée d'une cinquantaine de Roms, dont 25 enfants, d'un immeuble qu'ils squattaient dans le VIIe arrondissement de Lyon, le Collectif national droits de l'Homme (CNFH) Romeurope a demandé au premier ministre Jean-Marc Ayrault à le rencontrer "dans les meilleurs délais" pour discuter du démantèlement des campements illégaux de Roms, qui provoquent sa "déception et sa totale incompréhension". Dans une lettre ouverte à M. Ayrault l'association rappelle que "début août, à Lyon, à Paris, à Lille, à Marseille, des évacuations de lieux de vie se sont encore déroulées sans proposition d'accompagnement des personnes expulsées, en termes d'hébergement ou de relogement, et de prise en charge des familles avec enfants, les abandonnant à la rue dans une précarité encore plus grande". De son côté, le Forum européen des Roms et des gens du voyage (Ferv) a demandé au président français François Hollande l'arrêt du démantèlement des camps roms sans solution alternative, conformément à ses promesses de campagne, a annoncé le Conseil de l'Europe. Ces démantèlements "entrent en opposition avec l'engagement que vous avez pris durant votre campagne de ne pas expulser de familles sans leur proposer de solution alternative de logement", a écrit le président du Forum Rudko Kawczynski dans un courrier adressé au président Hollande lundi, joint à un communiqué de l'organisation siégeant à Strasbourg. "De fait, nous avons le regret de noter que la politique du gouvernement socialiste relative à la question Rom s'inscrit pour l'instant dans la continuité de celle de votre prédécesseur", a-t-il ajouté. Selon son porte-parole, la Commission européenne "suit de près" la manière dont les autorités françaises procèdent au démantèlement des campements de Roms et veut s'assurer du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires. Ces réactions et mise en garde contrastent avec l'assentiment que semble recueillir l'action des pouvoirs publics tant de politiques que de citoyens français. Le ministère français de l'Intérieur, Manuel Valls, avait affirmé que les opérations de démantèlement de campements illicites se "déroulent toujours en exécution de décisions de justice". Il n'est pas seul puisque dix élus locaux de gauche apportent leur "soutien" au gouvernement sur la question du démantèlement de campements illicites de Roms, au "double titre d'élus locaux et d'élus de gauche", dans une tribune publiée dans le Monde daté de mercredi. Parce que "être élu local, c'est connaître avec précision cet impératif qui veut qu'une situation d'urgence trouve une réponse rapide (...) et élu de gauche, c'est vouloir mettre l'idée de justice au cœur de l'action publique. C'est à ce double titre que nous voulons apporter notre soutien à l'action du gouvernement", expliquent-ils. Selon un sondage, huit Français sur dix approuvent les démantèlements de campements illégaux de Roms mais 73% estiment que cela ne fait que déplacer le problème. Cette enquête d'opinion, réalisée par l'institut Ifop pour le site d'informations en ligne Atlantico, révèle que 80% des personnes interrogées répondent "très favorable" ou "plutôt favorable" quand on les interroge sur "le démantèlement de camps illégaux de Roms actuellement réalisé par les forces de l'ordre".