Tirant à boulets rouges sur la politique sécuritaire menée par le locataire de l'Elysée, le Parti socialiste, en nette hausse dans les sondages, profite de l'occasion pour proposer aux Français une alternative pour 2012. À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle française, la situation se présente mal pour Nicolas Sarkozy, s'il se représente bien sûr. En effet, ses adversaires plus acharnés, en l'occurrence les socialistes, préparent déjà ce rendez-vous électoral à travers lequel ils comptent bien revenir au devant de la scène. Réunifiés, comme le montrait la présence des ténors du parti autour de Martine Aubry lorsqu'elle a lancé dimanche la campagne pour cette élection cruciale, les socialistes ne cessent de charger Nicolas Sarkozy. Tous les grands noms étaient au premier rang avec Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, François Hollande. Mme Aubry a pris soin de saluer chacun, y compris le grand absent, mais champion des sondages, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Requinqué par des sondages favorables et l'unité retrouvée affichée par ses responsables, le PS s'est livré à une diatribe contre le président au cours de leur traditionnelle université d'été, dans la ville portuaire de La Rochelle. Devant plusieurs milliers de militants dans un discours d'une heure et demie aux allures de programme électoral, la première secrétaire du Parti socialiste a affirmé : “Nous serons prêts pour 2012 et nous ne décevrons pas, nous voulons incarner une alternance crédible face à Nicolas Sarkozy, visant à bâtir une autre France.” Martine Aubry a violemment critiqué Nicolas Sarkozy, fustigeant ses “échecs” et les “turpitudes de ses amis”, en référence à l'affaire Bettencourt, du nom de la milliardaire héritière des cosmétiques l'Oréal, feuilleton politico-fiscal de l'été mettant en cause le ministre du Travail Eric Woerth. Surtout, elle a rappelé qu'elle avait considéré cet été comme celui de la “honte”, revenant sur la vive polémique liée aux expulsions de Roms en jugeant que cette “attitude” n'est “pas digne d'un président de la République”, dénonçant des “évacuations brutales mais surtout (...) indignes”. Pour rappel, à la fin du mois de juillet écoulé, Nicolas Sarkozy avait annoncé un durcissement de la politique sécuritaire, promettant le démantèlement des campements illégaux de Roms et la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère, suscitant de nombreuses critiques sur le plan intérieur et dans la communauté internationale. Plus de 8 300 Roms roumains et bulgares ont été expulsés depuis le 1er janvier, selon le ministre de l'Immigration, Eric Besson, qui a promis d'accélérer la cadence. Les derniers sondages ont mis du baume au cœur des socialistes, qui ont perdu trois élections présidentielles d'affilée : Nicolas Sarkozy serait écrasé au second tour de la présidentielle par Dominique Strauss-Kahn (59% contre 41%), mais également nettement battu par Martine Aubry (53-47). En outre, 55% des Français souhaitent que la gauche remporte la prochaine présidentielle. Néanmoins, ce souhait n'exclut pas un profond scepticisme : 57% pensent que la gauche ne ferait pas mieux que la droite si elle était au pouvoir. Durant l'université d'été, la famille socialiste a voulu afficher l'unité retrouvée : l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, a multiplié les signes d'entente cordiale avec sa “chère Martine” qui a elle-même cité à plusieurs reprises son ex-rivale. À droite, les réactions au discours de Mme Aubry ont été vives. Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP de M. Sarkozy, a fustigé “un réquisitoire aussi outrancier que mensonger contre la politique du gouvernement” et “une absence totale de propositions”. Et sur les expulsions de Roms, Jean-Christophe Lagarde, du Nouveau centre, a accusé Mme Aubry de “duplicité” et d'“hypocrisie”.