Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a présenté, mercredi, devant le Conseil de sécurité le rapport sur la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), coïncidant avec l'attaque perpétrée contre le consulat américain à Benghazi qui a coûté la vie à l'ambassadeur, John Christopher Stevens, et à trois autres diplomates américains. ‘‘Le monde a assisté à un triste rappel des défis auxquels se heurtent non seulement les Libyens, mais aussi ceux qui, au sein de la communauté internationale, sont engagés dans l'appui aux efforts de transformation de la Libye'', a déclaré M. Feltman. Pour cet ancien secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Moyen-Orient, le transfert du pouvoir du Conseil national de transition (CNT) aux 200 membres du Congrès national, le 8 août dernier, a représenté un ‘‘moment historique''. ‘‘Pour la première fois en plus de quatre décennies, la Libye dispose désormais d'un organe démocratiquement élu'', a-t-il affirmé. Selon lui, ‘‘le Congrès libyen devra maintenant répondre d'urgence à plusieurs questions prioritaires'', citant la nécessité d'initier un dialogue national sur la réconciliation, de renforcer ses capacités à exercer le contrôle du gouvernement, de prévenir la poursuite d'une corruption devenue systématique et d'adopter une législation de gouvernance locale. ‘‘Il est également essentiel que le Congrès crée des mécanismes à travers lesquels la société civile est assurée d'avoir une voix et d'être consultée sur les questions importantes'', a indiqué M. Feltman. ‘‘C'est aux responsables libyens qu'il appartient de faire avancer le processus politique'', indique le rapport qui les encourage à ‘‘faire preuve de la même détermination et du même courage que ceux que le peuple a manifestés afin d'assurer une transition sans heurt et réussie après la révolution et de commencer à reconstruire le pays''. Dans ce sens, il les a exhortés ‘‘à prendre rapidement d'importantes mesures pour former un nouveau gouvernement qui associe toutes les parties et qui recueille l'aval du peuple libyen''. ‘‘Ainsi, les problèmes immédiats pourront être effectivement abordés, notamment la difficile instauration d'institutions publiques solides, responsables et modernes, la collecte des armes et l'intégration des révolutionnaires dans les institutions chargées de la sécurité, autant d'éléments qui feront avancer le pays sur la voie de la démocratie, de la réconciliation nationale et de la stabilité à long terme'', a-t-il poursuivi. Commentant l'attaque qui a ciblé le consulat américain à Benghazi, M. Feltman a affirmé que l'ONU ‘‘rejette la diffamation des religions sous toutes ses formes, mais aucune violence, telle que celle qui a éclaté à Benghazi hier, ne saurait être justifiée. Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux cette attaque''. ‘‘Le Secrétaire général de l'ONU rappelle aux autorités libyennes leurs obligations à protéger les bâtiments et le personnel diplomatiques'', a-t-il ajouté. Cet acte ‘‘horrible et tragique'', de même que des assassinats de membres du personnel de sécurité à Benghazi, des explosions à Tripoli et des attaques contre des mausolées soufis ‘‘montrent bien les défis sécuritaires qui se posent aux autorités libyennes'', a souligné le Secrétaire général adjoint au cours de son exposé. Présent également à cette séance, le représentant de la Libye, Ibrahim Dabbachi, a réaffirmé la volonté de son gouvernement de tout mettre en œuvre pour poursuivre et traduire en justice les responsables de l'attaque qui, a-t-il dit, ‘‘porte gravement préjudice à l'islam''. Il a précisé que l'enquête était déjà en cours et a insisté sur le fait que la Libye était attachée au respect des Conventions de Vienne sur les protections des missions et personnels diplomatiques et qu'elle ne permettrait à aucun hors-la-loi de mettre en péril la stabilité du pays. M. Dabbachi a rappelé la nécessité d'aider la Libye à étendre son autorité sur l'ensemble de son territoire, pour lui permettre de devenir un Etat stable.