Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a appelé lundi les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale à soutenir les efforts des Nations Unies dans le développement d'une stratégie régionale intégrée pour le Sahel afin, selon lui, de conforter les capacités des Etats de cette région à maintenir la paix et la stabilité. M. Feltman, qui a fait le point sur les progrès réalisés dans l'élaboration d'une stratégie régionale intégrée pour le Sahel englobant la sécurité, la gouvernance, le développement, les droits de l'homme et les dimensions humanitaires, telle que requise dans la résolution 2056 (2012) adoptée le 5 juillet dernier, a assuré le Conseil de sécurité de l'engagement des Nations Unies en vue de consolider les capacités des Etats du Sahel à maintenir la paix et la stabilité dans la région. Pour lui, une stratégie intégrée "fournit un cadre conceptuel et des priorités stratégiques pour diriger l'engagement de l'ONU au Sahel au niveau régional et établir les bases de consultations et de suivi avec les organisations régionales, les gouvernements et les acteurs clefs dans la région." Le Secrétaire général adjoint a affirmé que les fragilités profondes qui s'étendent dans l'ensemble du Sahel constituaient une source de profonde inquiétude de la part des peuples et des gouvernements de la région, ainsi que de la communauté internationale et du Conseil de sécurité. "Les menaces et les défis ne connaissent pas de frontières, et leurs solutions doivent être l'objet d'une action coopérative et globale", a-t-il souligné. Pour M. Feltman, qui a insisté sur la fragilité économique et sociale de la plupart des Etats du Sahel, dont l'indice de développement humain est un des plus faibles du monde, "les défis dans la région ne sont pas uniquement politiques, mais concernent également la sécurité, la résilience humanitaire et les droits de l'homme." Il a souligné, en outre, que "les frontières des Etats de la région, longues et poreuses, facilitent les activités de la criminalité transnationale organisée et des groupes terroristes, en particulier dans les zones isolées et faiblement administrées, de même que les trafics d'armes, de drogues et de personnes." Associées aux effets de la poursuite du conflit armé interne, "ces différentes menaces sapent le développement économique", a expliqué cet ex. secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Moyen-Orient. "Les défis posés aux droits de l'homme dans la région résultent de la combinaison de la faiblesse, de longue date, de l'Etat de droit, de l'exclusion sociale et de la discrimination", a ajouté M. Feltman, soulignant notamment le manque de responsabilité en matière judiciaire et des pratiques discriminatoires contre les femmes et les minorités. L'un des domaines stratégiques importants d'engagement où l'ONU est en mesure d'apporter une valeur ajouté est "l'établissement d'un forum pour les partenaires régionaux et internationaux afin de discuter de leurs stratégies pour le Sahel, et de les coordonner", a-t-il préconisé. L'ONU, a-t-il ajouté, peut promouvoir la conciliation, la médiation et l'arbitrage, y compris le renforcement des capacités locales et régionales visant à prévenir les tensions transfrontalières, aider à développer des stratégies et des approches régionales intégrées pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, ainsi que des approches régionales coordonnées face à la prolifération d'armes et pour améliorer la gestion des frontières et la coopération. M. Feltman a indiqué que, dans le cadre de ce processus consultatif, le Secrétaire général de l'ONU organisera une réunion de haut niveau sur le Sahel le 26 septembre en cours, en marge de la 67ème session de l'Assemblée générale. L'objectif premier de cette réunion, a-t-il précisé, est de présenter les grandes lignes de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de générer un appui international à sa mise en oeuvre. Il s'agira également, selon lui, de redynamiser la réponse internationale aux demandes d'assistance des gouvernements de la région du Sahel et des agences des Nations Unies visant à satisfaire les besoins les plus immédiats de la population. Le Secrétaire général de l'ONU est convaincu, a ajouté M. Feltman, que la question du Sahel nécessite une attention et un suivi soutenus, notamment par la nomination d'un Envoyé spécial. Le Secrétaire général adjoint a, en outre, mis l'accent sur la situation humanitaire que vivent les populations du Sahel, dont le niveau de gravité et d'urgence, cette année, est le troisième depuis 2005. On estime à plus de 18 millions le nombre de personnes exposées au risque d'insécurité alimentaire en 2012, plus d'un million d'enfants de la région étant menacés de malnutrition aiguë. Selon M. Feltman, sur les 1,6 milliard de dollars nécessaires pour répondre à cette crise, seuls 54% ont été versés à ce jour.