Le développement du livre et de l'édition numérique dans les pays en voie de développement est une nécessité pour ces pays qui doivent adhérer à la révolution technologique et numérique que connaît le monde, a estimé vendredi à Alger l'universitaire et éditrice tunisienne Sana Ghenima. Lors d'une table-ronde organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) dans le cadre du 17e Salon international du livre d'Alger, le thème de l'émergence du livre numérique a été débattu en présence de l'éditeur argentin, Octavio Kulesz, l'éditrice tunisienne Sana Ghenima et Amar Aribi, président de l'Association nationale de l'édition numérique (Anen). Après avoir présenté les contenus ludoéducatifs qu'elle produit et commercialise en Tunisie, Sana Ghenima a soulevé la problématique de la dépendance technologique des pays en voie de développement vu qu'aucun d'eux n'est producteur de supports (tablettes, liseuses ou téléphones). Selon elle, pour parer à ce manque, les pays en voie en développement peuvent développer l'industrie du contenu numérique. Pour sa part, l'éditeur argentin Octavio Kulesz a présenté une étude comparative des taux de pénétration du livre numérique dans les zones d'Amérique latine, d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et dans d'autres pays comme la Russie, l'Inde et la Chine. D'après cette étude, des pays comme la Chine ou le Brésil seraient les plus avancés dans le domaine du livre numérique grâce à leur maîtrise technologique et à la production locale de supports. Rebondissant sur les résultats de cette étude, les intervenants se sont accordés à dire qu'il incombe aux Etats d'insuffler une dynamique à ce secteur en prenant l'exemple de l'Inde qui a produit localement des tablettes numériques pour les distribuer aux élèves afin de moderniser le secteur de l'éducation. Les pays du Maghreb présentent pour leur part un "très grand potentiel" d'industrie du contenu dont le marché peut s'étendre à tout les pays arabes et musulmans grâce à la langue commune, a estimé Sana Ghenima. Cependant l'éditrice a considéré qu'asseoir une industrie et une culture "ne peut être du ressort d'une petite entreprise privée". Considérant que l'édition numérique est "inexistante" en Algérie, le représentant de l'Anen, Amar Aribi, a souligné la nécessité de l'implication des Etats pour pérenniser l'édition numérique, qui, en plus de représenter "un bond qualitatif pour l'éducation et la culture, peut aussi régler certain problèmes qui minent l'édition classique comme les coûts d'impression et de distribution". La 17e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila) qui se tient au Plais des Expositions depuis jeudi se poursuivra jusqu'au 29 septembre.