La Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a plaidé mercredi à l'ONU pour une plus large concertation régionale et internationale face à la crise malienne en raison, a-t-elle affirmé, des ‘‘défis complexes et interconnectés'' sur les plans sécuritaire et humanitaire. Intervenant à la réunion de haut niveau sur le Sahel et le Mali, organisée par l'ONU en marge de son Assemblée générale à New York, Mme Clinton a insisté sur l'urgence d'une solution à la crise malienne en souhaitant que le Conseil de sécurité examine les diverses propositions faites par la CEDEAO, les autres acteurs concernés par cette crise ainsi que la France. ‘‘Nous savons tous trop bien ce qui se passe au Mali et l'immense danger des extrémistes'', a-t-elle observé en citant également les trafiquants de drogue et d'armes et des frontières poreuses, ‘‘leur fournissant un tremplin pour étendre leur portée à travers non seulement la région, mais au-delà''. Evoquant aussi les réfugiés et les millions de personnes souffrant de la faim, Mme Clinton a affirmé qu'il ne s'agissait pas seulement d'une crise humanitaire mais d'''une poudrière que la communauté internationale ne peut se permettre d'ignorer''. Pour la chef de la diplomatie américaine, la crise malienne exige d'associer tous les pays touchés, ainsi que l'Union africaine et la CEDEAO car ‘‘ce sont des défis sécuritaire, politique et humanitaire complexes et interconnectés''. Pour Mme Clinton, "seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à une résolution négociée au Nord-Mali, mettre un terme à la rébellion et restaurer l'Etat de droit". Rappelant que les Etats-Unis ont déjà fourni plus de 378 millions de dollars pour répondre aux besoins croissants humanitaires dans le Sahel, elle a appelé les autres donateurs à accroître leurs engagements. Mme Clinton a également souligné qu'il était essentiel pour tous les acteurs de la région à redoubler d'efforts pour mettre au point une ‘‘approche saine'' de protection de leurs frontières. Evoquant les attaques et les enlèvements opérés au nord du Mali et dans des pays voisins par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d'autres groupes, elle a également rappelé le dispositif de partenariat entre les pays de la région et les Etats-Unis pour lutter contre le terrorisme. En somme, a-t-elle considéré, toutes les démarches pour répondre à la crise humanitaire dans le Sahel et pour rétablir la stabilité au Mali à travers la lutte contre l'extrémisme violent dans la région relèvent d'une ‘‘responsabilité partagée''. Pour sa part, le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a averti que toute solution militaire à la crise sécuritaire dans le nord du Mali devrait être considérée avec ‘‘une extrême prudence''. Lors de cette réunion qui a enregistré une cinquantaine d'interventions dont celle du ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, le chef de l'ONU a mis en garde qu'une éventuelle intervention militaire au Mali ‘‘pourrait avoir de graves conséquences humanitaires, y compris de nouveaux déplacements et des restrictions à l'accès humanitaire''. M. Ban a appelé à un soutien international d'urgence pour les populations et les gouvernements de la région du Sahel qui, a-t-il affirmé, est à un ‘‘tournant décisif'' avec 18 millions de personnes touchées par une grave crise alimentaire. "Les troubles politiques, des conditions climatiques extrêmes et des économies fragiles se combinent pour créer une véritable tempête de vulnérabilité'', a-t-il déclaré. Dans ce sens, il a souligné que ‘‘les groupes terroristes, les organisations criminelles transnationales et des insurrections menacent la paix et la prospérité'' dans la région. Il a ainsi relevé ‘‘une augmentation particulièrement inquiétante de l'extrémisme, des violations des droits de l'homme, de la traite des êtres humains ainsi que de trafic de drogue et de la contrebande d'armes". Dans le même temps, le développement est sous la menace des chocs environnementaux tels que les inondations, les sécheresses et les invasions de criquets, combinée à la volatilité mondiale des prix alimentaires, érodant la résilience, a-t-il ajouté. M. Ban a noté que l'instabilité dans le nord du Mali, où des militants islamistes ont pris le contrôle, a causé plus de 260.000 réfugiés qui ont fui vers les pays voisins, compromettant les infrastructures sociales et économiques déjà fragiles. Quant à une stratégie régionale intégrée de l'ONU sur le Sahel dont l'élaboration a été demandée en juillet dernier par le Conseil de sécurité, M. Ban a indiqué que ce futur mécanisme onusien permettra de renforcer les capacités régionales de lutte contre l'insécurité, de prévenir et répondre aux crises de grande ampleur, et de promouvoir la gouvernance démocratique et le respect des droits de l'homme. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Onu a annoncé qu'il nommerait un envoyé spécial pour la région : ‘‘J'ai l'intention de nommer un envoyé spécial pour le Sahel qui sera chargé de parachever la stratégie et de superviser sa mise en œuvre". Selon lui, cet envoyé spécial "devra veiller à la convergence des activités menées par les différents organismes des Nations unies et aider à mobiliser l'appui et les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs".