La mise en place d'un plan international sous les auspices de l'ONU pour l'émergence d'une force multinationale devant chasser les groupes terroristes qui occupent le nord du Mali commence à se dessiner. Six mois environ après la chute du nord du Mali sous la coupe des groupes islamistes et touareg, la communauté internationale commence à parler le même langage: un plan onusien accepté par tous et sans interférence dans les affaires du Mali. Aujourd'hui, un débat général à l'ONU est prévu sur la situation au Sahel, notamment au Mali. Selon des sources aux Nations unies, la communauté internationale pourrait reconnaître à cette occasion la gravité du problème, la nécessité de s'en saisir et d'agir ce qui donnerait le coup d'envoi de la prochaine phase: la discussion et le vote, dans quelques semaines, d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour une intervention militaire au nord du pays. Bamako a déjà annoncé avoir conclu un accord avec la Cédéao pour une telle intervention militaire. Il reste cependant à préciser les termes de l'accord entre le gouvernement malien et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sur le concept et les objectifs de cette force. La situation est «inquiétante» au Mali et au Sahel. C'est en ces termes que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a qualifié ce qui se passe dans cette partie de l'Afrique. «La situation inquiétante» au Sahel rendait nécessaire un «effort coordonné» de la communauté internationale, a-t-il dit, avant de préciser que «la crise au Sahel ne reçoit pas assez d'attention ni de soutien». Pour le secrétaire général, «la communauté internationale doit faire un effort important et coordonné pour traiter cette situation inquiétante». Il a rappelé qu'il devait présenter une «stratégie intégrée» de l'ONU, combinant lutte contre le terrorisme ou le trafic d'armes et aide humanitaire et au développement, lors d'une réunion à haut niveau, ce mercredi, sur le Sahel en marge de l'Assemblée. «Je vous demande de vous impliquer et d'aider fortement» cette initiative, a-t-il lancé aux dirigeants présents à l'Assemblée. Par ailleurs, les autorités maliennes, qui demandent à l'ONU son autorisation pour une intervention militaire étrangère sur son sol afin de reconquérir le Nord, n'accepteront que la présence de troupes ouest-africaines de la Cédéao, «pas d'autres pays». «La présidence malienne confirme avoir demandé officiellement à l'ONU l'aide de forces étrangères pour chasser les islamistes au nord du Mali», a déclaré une source proche de la présidence malienne, qui a confirmé que «le Mali accepte des troupes de la Cédéao, mais pas d'autres troupes d'autres pays». La France, qui tente d'être partie prenante du conflit malien, a laissé entendre à plusieurs reprises qu'elle est prête à envisager l'envoi de troupes militaires au Mali, même «au sol», pour épauler les troupes africaines. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, «une demande a été faite pour que le Conseil de sécurité des Nations unies bâtisse un plan où il y aura à la fois des Maliens, des forces africaines voisines, et si c'est nécessaire, d'autres forces d'appui». La cédéao est composée, outre le Mali, de 14 Etats: Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. La durée de la mission de la force africaine «sera de six mois renouvelables si le Mali l'estime nécessaire». «Une fois la résolution (onusienne) adoptée, nous allons très rapidement demander à la Cédéao de venir à Bamako, pour régler les derniers détails du plan. Après les réglages de dernière minute, il faudra compter au moins deux mois avant l'arrivée des troupes ici», a indiqué une source officielle malienne. Gao, Kidal et Tombouctou, trois grandes villes du nord du Mali, à majorité touareg, sont aux mains des groupes islamistes d'Ansar Dine, et du Mujao épaulés par des groupes d'Aqmi, et du Mouvement de libération de l'Azawed (MNLA). La France devrait par la voix de son président François Hollande appeler les Nations unies à autoriser sans plus tarder le déploiement d'une force africaine au Mali pour combattre ces groupes islamistes, alors que l'idée d'un émissaire du SG de l'ONU pour le Mali est de plus en plus envisagée. Par ailleurs, l'Union européenne a commencé à examiner les demandes d'assistance faites récemment par le Mali, qui s'est déclaré favorable à une intervention militaire internationale dans le nord du pays, a indiqué hier un responsable européen. Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a reçu le week-end dernier une lettre co-signée par le président et le Premier ministre maliens dans laquelle sont formulées «une série de demandes d'assistance», selon le haut responsable. «Il s'agit d'une liste diverse: soutien logistique, formation, équipements et aide financière à la force internationale qui va éventuellement se mettre en place autour de la Cédéao», a-t-il indiqué. «Nous sommes en train de les étudier (...) Nous devons aussi en discuter avec la Cédéao», a ajouté le responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Les Européens attendent également de connaître les résultats de la réunion de haut niveau sur le Sahel qui se tient en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.