Malgré le fait que la crise syrienne va jeter de l'ombre sur la 67e session de l'Assemblée générale de l'ONU, qui se tiendra demain à New York, le risque croissant du terrorisme au Sahel restera l'un des principaux points chauds qui seront traités lors de cette rencontre. La prise de contrôle du Nord du Mali par des groupes liés à Al-Qaïda, à laquelle s'ajoute une pénurie alimentaire affectant 18,7 millions de personnes dans neuf pays, du Tchad à la Mauritanie, sera au cœur des débats qui auront lieu entre plus de 120 chefs d'Etat, Premiers ministres et ministres. Le président français, François Hollande, et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton participeront mercredi prochain à un sommet sur le Sahel et le Mali qui se tiendra, en marge de la 67e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Ce sommet devrait déboucher sur l'annonce par l'ONU d'une stratégie globale et d'un envoyé spécial pour le Sahel. À cette rencontre, l'Algérie sera représentée par son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani, la réunion, qui sera présidée par le Secrétaire général des Nations unies, est destinée à «mobiliser la communauté internationale en faveur de la stabilité et du développement de la région du Sahel et à élaborer, en consultations avec les organisations régionales et les pays concernés, une stratégie intégrée de l'ONU touchant aux questions de sécurité, de gouvernance, de développement et aux questions humanitaires». À l'initiative des pays du champ, l'Algérie avait organisé, les 7 et 8 septembre 2011, une réunion de haut niveau sur le partenariat, la sécurité et le développement. Cette rencontre avait pour objectif de «susciter et créer des synergies entre les stratégies de différents partenaires extra-régionaux», d'une part, et d'«asseoir une approche globale et intégrée prenant en charge les différents volets liés à la problématique de la stabilité, de la sécurité et du développement», d'autre part, a rappelé le porte-parole. Il est à souligner que le Mali a fini, dans la soirée de samedi dernier, par céder aux pressions exercées par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) en donnant le feu vert pour le déploiement de forces ouest-africaines à Bamako. Les autorités maliennes ont toutefois demandé que les opérations se déroulent dans la plus grande «discrétion». Pour rappel, le gouvernement malien par intérim, qui sait pertinemment que le «temps presse» pour faire face au danger des groupes armés dont certains, affiliés à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), refusait à la Cédéao le déploiement de forces militaires combattantes à Bamako et avait exigé que les troupes ouest-africaines se limitent à un soutien logistique et aérien, ainsi qu'à une participation au maintien de l'ordre, une fois les villes du Nord reconquises. Pour la Cédéao, son intervention ne peut être efficace que si le Mali accepte le déploiement à Bamako d'un minimum d'éléments, tant pour assurer la logistique de l'opération que pour sécuriser les institutions de transition. La Cédéao estime également qu'une aide à la formation de l'armée malienne et un appui logistique et aérien ne sont pas suffisants et que les troupes ouest-africaines ne doivent pas être confinées dans une position passive. Cette dernière avait donc accepté la demande d'aide formulée par Bamako mais n'avait pas envoyé le détail de l'opération exigé par le Conseil de sécurité, qui en a fait une condition sine qua non pour donner son feu vert. Il s'agit là d'une manière, on ne peut plus directe, pour la Cédéao de forcer la main au Mali afin d'avoir le pouvoir total sur le contrôle de l'intervention des troupes étrangères. Toute la question est de savoir pourquoi a-t-on refusé au Mali le droit de formuler l'aide dont il a besoin ? H. Y.