La réunion sur le Sahel initiée par le secrétaire général de l'ONU a été boudée par les Occidentaux à l'exception de la France avec la participation de Hollande Des forces africaines s'apprêtent à intervenir au Mali avec un soutien logistique français. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a pris part hier à la réunion de haut niveau sur le Sahel en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, après avoir rencontré le secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson. Les discussions entre les deux responsables algérien et américain ont porté essentiellement sur la situation au Sahel et les derniers développements que connaît le Mali. Messahel a également eu une rencontre à New York avec le Représentant spécial du président français pour le Sahel, Jean Felix-Paganon pour un échange de vues sur cette situation. Auparavant, l'Algérie a reçu le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou qui a rencontré le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika qui ont passé en revue la situation au Mali. M.Karidiou a précisé qu'il y a convergence de vues entre les deux pays qui considèrent que le règlement de cette crise passe par le dialogue. A new York, la réunion d'hier a rassemblé les chefs d'Etats français, béninois, togolais, sud-africain, nigérien, nigérian et tunisien ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Dans son discours d'ouverture de la réunion consacrée à la crise au Nord Mali, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, Ban Ki-moon a exhorté hier la communauté internationale à «ne pas abandonner le Sahel». «A la communauté internationale, je dis que la région du Sahel a besoin de votre attention. Ne l'abandonnez pas pour le regretter ensuite», a-t-il mis en garde». Le Secrétaire général de l'ONU a par ailleurs ajouté que «toute solution militaire» pour libérer le Nord du Mali occupé par des groupes islamistes devrait être envisagée avec «extrême prudence». «Toute solution militaire pour résoudre la crise sécuritaire dans le Nord du Mali devrait être envisagée avec une extrême prudence. Elle pourrait avoir de graves conséquences humanitaires», a déclaré Ban Ki-moon, récemment saisi par Bamako d'une demande de résolution autorisant une intervention militaire. Ainsi, Bamako a officiellement saisi l'ONU d'une demande de mandat autorisant une intervention d'une force africaine. Le Conseil de sécurité a réclamé au Mali et à la Communauté de développement des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) des précisions sur les modalités de l'intervention. Cette demande «donne de l'espérance», selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Les choses vont dans la bonne direction, estime-t-il, même si certains diplomates soulignent que la restructuration de l'armée malienne à elle seule prendra au moins 18 mois et que la Cédéao n'a pas assez de troupes à fournir. «Sur le Sahel et le Mali, nous voulons entraîner la communauté internationale, les convaincre que c'est un sujet d'intérêt pour tous», reconnaît un diplomate français. «C'est Al Qaîda qui est au nord-Mali, ça devrait pourtant les faire réagir», dit-il en référence aux alliés occidentaux de la France. Paris est représenté à la réunion par le président François Hollande et son ministre Laurent Fabius. Mais la présence d'autres hauts dirigeants occidentaux n'est pas annoncée. François Hollande a consacré mardi une large part de son allocution devant l'Assemblée générale à la crise malienne et le président américain Barack Obama n'a pas dit un mot de ce conflit. A la frontière nigérienne avec Gao, au nord du Mali, des groupes islamistes armés disent avoir pris la décision de renforcer la sécurité. Selon la presse, de la frontière nigérienne jusqu'à Gao, «quasiment tous les djihadistes croisés sont des Africains subsahariens» et pas des Maghrébins. Ils viennent du Togo, du Bénin, du Niger, de la Guinée, du Sénégal et d'ailleurs. «Il faut savoir qu'ici, il n'y a plus de Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest, d'Ansar Dine et d'Aqmi». «Nous sommes tous des moudjahidine. Partout, nous sommes chez nous», dit l'un d'entre eux. «Nous sommes prêts pour la bataille. Nous attendons que les troupes françaises ou africaines arrivent», assure un jeune Ivoirien. Dans Gao, des pick-up chargés d'armes et de combattants font d'incessants allers-retours. Deux camps d'entraînement accueilleraient des dizaines de combattants. Dans les neuf quartiers de la ville, il y aurait des combattants «camouflés» dans des maisons, selon d'autres témoignages. J'ai vu deux armes lourdes dans une maison du quatrième quartier de Gao. C'est la première fois que je vois ça», affirme Djénakou, un jeune habitant. Les «occupants» de Gao, selon lui, ont encore durci, récemment, les conditions d'application de la chari'â qu'ils imposent. Le 10 septembre, cinq hommes accusés d'avoir braqué un car ont été amputés d'une main et d'un pied chacun. Les islamistes, plutôt tolérés par les populations au début de leur occupation, semblent de plus en plus impopulaires. Mais le marché de la ville grouille toujours de monde et les denrées de première nécessité n'y manquent pas. Les clients qui commentent une possible intervention militaire étrangère se disent globalement «contre». «Quand les éléphants se battent, c'est l'herbe qui souffre. Les éléphants, ce sont les combattants d'ici et l'armée de Bamako avec ses soutiens extérieurs. L'herbe, ce sont les pauvres civils, nous», lance, fataliste, Mahamane, fonctionnaire à la retraite.