Les restes de l'artiste cheikh "H'sissen" (1929-1958) ont été rapatriés samedi de Tunisie pour être réinhumés au cimetière d'"El Kettar" à Alger en reconnaissance de son militantisme artistique et révolutionnaire lors de la guerre de libération nationale. Cette opération s'inscrit dans le cadre du programme célébrant le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie arrêté par l'Association des "Amis de la rampe Louni Arezki" qui a supervisé depuis plus d'un an les procédures de rapatriement des restes du maître de la chanson chaabi "H'sissen" de son vrai nom Larbi Ahcene. Dans une ambiance émouvante, les restes du défunt ont été enveloppés dans l'emblème national et réinhumés aux côtés de sa mère et dans son pays natal pour lequel il a milité et où il rêvait d'être inhumé. Etaient présents à la cérémonie de réinhumation, la ministre de la culture, Khalida Toumi, les proches et les amis du défunt outre les enfants de son quartier natal "la Casbah". "Le rêve des Algériens y compris la famille et les admirateurs du défunt s'est réalisé aujourd'hui par le rapatriement des restes d'un des grands artistes qui ont beaucoup donné pour la révolution algérienne", a dit la ministre, soulignant la nécessité de "réhabiliter un grand nombre de figures artistiques algériennes qui ont marqué la scène artistique algérienne mais qui sont restées aux oubliettes". De son côté, le président du conseil national des arts et des lettres, Abdelkader Bendaamache a estimé que "Cheikh H'sissen, qui n'a pas fait un long chemin, a laissé derrière lui un patrimoine artistique qui le distingue des ses pairs parmi les artistes" ajoutant que "la rapatriement des restes de l'artiste permettra à sa famille de visiter sa tombe et se recueillir à sa mémoire. Concernant le retard accusé dans la réalisation du film documentaire sur le parcours militant et artistique de Larbi Ahcene, confiée à Bakar Boulanouar et dont la sortie était prévue pour juillet dernier, M. Bendaamache qui a écrit le scénario a relevé quelques "problèmes" techniques dont le déplacement en Tunisie et l'instabilité que connaît ce pays tout en rassurant que le film sera achevé avant la fin de l'année. M. Bendaamache a précisé à l'APS que le réalisateur commencera prochainement le tournage en France où H'sissen avait passé une partie de sa vie. Cheikh H'sissen est né à la Casbah d'Alger en 1929. Il adhéra dès son jeune âge à la troupe de Cheikh Missoum avec laquelle il a fait ses débuts en jouant du mandole avant de composer son propre groupe dans les années 1950. H'sissen est auteur de plusieurs chansons du chaabi dont "Tayr el-qafs" et "Tayr ghabli". Connu pour sa fibre artistique, cheikh H'sissen est aussi un militant de la cause nationale au sein du Front de libération nationale (FLN) qu'il a rejoint en 1955. En France, il animait des soirées chaabies dans les cafés et les bistros avant de rallier Tunis à la création de la troupe artistique du FLN où il a travaillé avec les figures emblématiques de l'art algérien à l'instar de Mustapha Kateb et Ahmed Wahbi. Cheikh H'sissen est mort le 29 septembre 1959 à Tunis et enterré au cimetière de "Djellaz".