Le premier débat présidentiel américain a donné lieu, mercredi soir, à un face-à-face où le président Barack Obama semblait, étrangement, en manque d'enthousiasme contrairement à son adversaire républicain Mitt Romney dont la prestation a été plus percutante. Modéré par le journaliste vétéran Jim Lehrer, qui a déjà géré 11 débats présidentiels lors de précédentes élections, ce premier round, consacré à la politique intérieure, s'est focalisé principalement sur l'économie, un des gros enjeux du prochain scrutin. Au cours de ce débat de 90 minutes, qui sera suivi par deux autres avant l'élection présidentielle du 6 novembre, la volonté de Mitt Romney de rentabiliser cette tribune exceptionnelle a été manifeste en lançant une série d'attaques contre le président Obama sur le bilan de son mandat dans les domaines de l'économie, l'emploi et la santé. Le candidat de l'opposition considéra que le mandat présidentiel d'Obama s'est caractérisé par la montée de la pauvreté, le ralentissement de la croissance économique et la hausse du chômage, tout en avançant, mais sans dire comment, que son propre programme permettrait de relancer vigoureusement l'économie. "Regardez le bilan de ces quatre dernières années. Nous avons 23 millions de personnes sans emploi ou ont cessé de chercher du travail, et une croissance économique qui ne cesse de ralentir d'année en année", lança-t-il. Paraissant sur la défensive, M. Obama rétorqua avoir hérité d'une situation désastreuse de son prédécesseur George W. Bush et accusa son rival de favoriser une économie qui récompenserait les Américains les plus riches au détriment de la classe moyenne. Selon le chef de la Maison-Blanche, grâce aux mesures de relance économique, prises après 2009, et au sauvetage de l'industrie automobile, les Etats-Unis ont pu être épargnés d'une "ruine économique". "Quand je suis entré dans le bureau ovale, j'ai trouvé plus de 1.000 milliards de dollars de déficit budgétaire provenant de deux guerres (Irak et Afghanistan) payées par carte de crédit, et tout un tas de programmes qui n'ont pas été payés,et puis une crise économique massive", a-t-il poursuivi. Et malgré cela, "nous avons dit oui, nous devons prendre quelques premières mesures d'urgence pour s'assurer que nous n'allons pas glisser vers la Grande Dépression'', s'est-il défendu. Ce à quoi son adversaire lui assena : "Vous avez été président pendant quatre ans. Vous aviez promis de diviser les déficits par deux et ils ont augmenté. Pourquoi devrait-on vous croire aujourd'hui". Et d'ajouter : "Je ne veux pas m'engager sur le même chemin que l'Espagne". Mais contrairement à ce qui était attendu, le président Obama n'a pas attaqué son adversaire sur la vidéo dans laquelle Romney confiait qu'il n'avait pas à se préoccuper des 47% d'Américains qui ne paient pas d'impôts, les qualifiant d'assistés dépendant de l'Etat. Idem pour l'enquête publiée récemment par le New York Times à propos des dispositifs fiscaux dans les Iles Caïmans utilisés par le candidat républicain pour son entreprise Bain Capital afin de lui permettre de payer moins d'impôts. Face à l'attitude quelque peu atone d'Obama, le candidat républicain a même cherché, fait inhabituel, à se présenter comme un protecteur de la classe moyenne en avançant qu'il n'augmenterait pas leurs impôts mais qu'il ne réduirait pas, tout de même, les impôts des Américains les plus riches. Selon un sondage réalisé par CNN à l'issue de ce débat, 67% des téléspectateurs ont considérée que Mitt Romney a remporté le débat contre 25% pour Obama. Mais pour certains commentateurs, cette performance réalisée par Romney s'expliquerait plutôt par le nombre important de débats qu'il avait menés depuis janvier dernier contre ses rivaux républicains lors de la course à l'investiture républicaine, lui permettant d'être mieux "rodé" dans la maîtrise d'un débat. Quant au président Barack Obama, connu pour être plus à l'aise dans les discours, son dernier débat date de 2008 contre son ex-adversaire républicain John McCain. Mais gagner un débat ne garantit pas toujours la victoire le jour du scrutin. Après ce premier face-à-face, les deux candidats sont attendus à deux autres débats prévus successivement pour le 16 octobre à Hempstead (New York) et le 22 octobre à Boca Raton (Floride), tandis que le vice-président, Joe Biden, et le co-listier du candidat républicain, Paul Ryan, s'affronteront le 11 octobre à Danville (Kentucky).