Les actes de violence enregistrés jeudi à Tataouine ont conduit la classe politique tunisienne à demander la démission du ministre de l'Intérieur et la dissolution des ligues de protection de la révolution. De nombreuses formations politiques ont estimé que les ligues de protection de la révolution, constituées dans la foulée de la révolution qui a renversé l'ancien régime, "n'ont plus de raison d'être". Tataouine a été jeudi le théâtre d'actes de violence entre des membres de la ligue de protection de la révolution et de l'union locale des agriculteurs, qui ont fait un mort et neuf blessés, au lendemain de la tenue de la conférence du dialogue national et à la veille de l'élaboration de la nouvelle Constitution du pays. Suite à ces incidents, le chef du gouvernement provisoire,M. Hamadi Jebali, a décidé de nommer Abdelhamid Bouzidi, directeur général de la sûreté nationale, en remplacement de M. Nabil Abid. Le parti républicain, le parti de la voie démocratique et sociale et le mouvement "Nidaa Tounes" (Appel de la Tunisie) ont appelé le gouvernement à limoger le ministre de l'Intérieur et à "le remplacer par une personnalité non partisane". Le mouvement "Nidaa Tounes" a souligné, par la voix de son président Béji Caïd Essebsi, que la vague de violence actuelle en Tunisie visait à "intimider les citoyens avant les élections", qualifiant les actes de violence enregistrés récemment de "très mauvais tournant qui fait sombrer le pays dans la violence et l'anarchie". Pour ce parti, la seule issue à la crise passe par le dialogue national entre toutes les parties de la société tunisienne sans exclusion aucune. Le président de la voie démocratique et sociale, Ahmed Ibrahim, a, de son côté, mis en garde contre une éventuelle "guerre civile". Le membre du Bureau politique du parti républicain, Issam Chebbi, a, quant à lui, imputé aux autorités politiques la responsabilité de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, en raison de "leur discours d'exclusion", estimant que les ligues de protection de la révolution "menacent la transition démocratique" et "qu'elles n'ont plus de raison d'être". Le mouvement Ennahdha a, de son côté, condamné les actes de violence, appelant toutes les parties au calme et à ouvrir une enquête sur les incidents.