Le gouvernement, pressé de réaliser un ambitieux programme de plus de 1,2 million de logements avant 2014, a opté pour la diversification de ses partenaires étrangers dans le domaine du bâtiment, à la faveur d'un partenariat "durable" et "équilibré". Des discussions avec plusieurs pays européens et arabes ont été entamées dans l'optique de prendre en charge une "bonne" partie des projets de logements publics dans le cadre du plan gouvernemental arrêté, à travers la création d'entreprises mixtes. A cet égard, le protocole d'accord signé lundi dernier à Alger avec le Portugal représente un modèle type d'un "vrai" partenariat que l'Algérie veut généraliser à d'autres pays avec lesquels elle est en négociation, selon les propos du ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune. Ce protocole porte sur la création des joint-ventures conformément aux dispositions de la règle 51-49% du capital, pour la réalisation d'au moins 50.000 logements. Ces nouvelles entreprises permettront également le transfert de technologie du bâtiment, en introduisant les nouvelles innovations dans le domaine. Des milliers de jeunes algériens seront aussi formés par ces sociétés dans la gestion des chantiers modernes. "Nous allons travailler sur la même ligne pour conclure des accords du même type avec d'autres pays", a indiqué le ministre, soulignant que "l'Algérie n'est pas intéressé par des partenariats avec des entreprises qui se contentent de réaliser certains projets et partir avec notre argent, mais plutôt avec des partenaires solides qui s'installent ici pour une longue durée, ce qui permettra la formation de nos jeunes, avec un transfert de leur savoir-faire". Le protocole d'accord avec le Portugal sera suivi par d'autres accords avec plusieurs pays, a déclaré M. Tebboune sans citer leurs nationalités. D'ailleurs, le ministre s'est entretenu sur ce sujet durant le mois en cours avec les ambassadeurs espagnol, italien et français à Alger, qui ont tous affirmé la disposition de leurs pays à participer à la réalisation des projets de logements en Algérie. Les entreprises arabes notamment égyptiennes seront aussi associées à la réalisation de ce vaste programme de logements. Lors de sa visite à Alger la semaine passée, le Premier ministre égyptien Hicham Kandil a fait état d'un accord portant sur l'attribution de projets de logements prévus dans le plan d'action du gouvernement algérien aux sociétés égyptiennes capables d'achever les projets dans les délais avec la qualité requise. Les mêmes préoccupations ont été également au centre des entretiens du ministre avec les ambassadeurs jordanien et qatari à Alger. L'Algérie compte à travers cette nouvelle approche diversifier ses partenaires dans le domaine du bâtiment. Mais, cet objectif ne se fera pas au détriment de ces partenaires actuels, notamment la Chine, a souligné récemment M. Tebboune. "Cette stratégie ne vise pas nos partenaires chinois, car ils seront toujours présents sur le marché algérien. Les relations entre l'Algérie et la Chine sont hautement stratégiques dans tous les domaines", a-t-il déclaré. "N'oublions pas que ce sont les Chinois qui ont construit l'hôtel Sheraton d'Alger en 18 mois, et qu'ils vont nous offrir gratuitement un opéra de 3.000 places", a-t-il soutenu. Il a, toutefois, rappelé que les certains chantiers confiés à des entreprises chinoises accusent beaucoup de retard, alors que d'autres réalisés sont de mauvaise qualité, selon le ministre qui avait insisté, fin septembre dernier, en recevant un haut responsable d'une société chinoise de construction sur "le respect des délais de réalisation et de la qualité des logements". "La diversification des partenaires va accentuer la concurrence, et lancer la compétition entre les différentes entreprises sur le marché national", a expliqué le ministre. Outre la motivation des partenaires étrangers pour doubler leurs efforts, cette nouvelle stratégie permettra également de renforcer la capacité de réalisation nationale, saturée devant une demande sans cesse croissante. Cette capacité est estimée entre 80.000 et 83.000 logements par an, alors que la demande annuelle moyenne s'élève à 225.000 unités. Selon le ministre, la capacité de réalisation devrait passer à 150.000 logements à la fin du programme quinquennal, avant de doubler progressivement dans les années à venir, ce qui réduira le temps entre la demande de logement et son acquisition à 6 mois. "L'Algérie veut se doter dans les prochaines années d'une industrie de bâtiment moderne dotée des techniques modernes de construction, et capable de satisfaire la demande nationale de logement dans les brefs délais et avec une bonne qualité répondant aux standards internationaux", a indiqué M. Tebboune. Ces capacités vont être augmentées essentiellement par l'encouragement des entreprises algériennes de construction à se regrouper, d'une part, et par la création de joint-ventures avec des leaders étrangers du bâtiment. Selon le plan d'action du gouvernement, un quota de 100.000 logements est déjà réservé à des sociétés étrangères. Le plan, adopté par le Parlement début de ce mois, compte accorder d'autres quotas avec des mécanismes de construction intégrés contenant tous les équipements publics nécessaires (écoles, marchés, postes, police...) à des partenaires étrangers. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait reconnu devant les parlementaires, que le recours aux moyens étrangers de réalisation est devenu une "nécessité" en raison des difficultés des entreprises algériennes à répondre à la commande publique en matière de construction de logements. Le gouvernement s'est engagé à intensifier la production de logements en livrant 1,28 millions unités avant la fin du programme quinquennal actuel qui comprend la réalisation de quelque 2,5 millions de logements.