Les autorités tunisiennes aspirent à assurer un processus de transition démocratique à travers la mise en place des fondements des institutions constitutionnelles stables et l'élaboration de textes de lois les régissant et d'une feuille de route pour la période de transition. L'opposition politique avait accusé la coalition tripartite au pouvoir de "tergiversation dans le processus de transition" et dans la rédaction des clauses de la nouvelle constitution et des lois qui régissent les élections et les instances judiciaires, d'information et de la justice transitionnelle eu égard à son importance et son rôle dans la garantie de la transition démocratique. Le gouvernement transitoire dirigé par le mouvement islamique Ennahdha a réfute ces accusations et estimé que le rythme de son action avançait à pas "ferme" affirmant qu'il existe "des procédures à suivre" avant de soumettre les projets de textes législatifs et les projets de création de telles institutions au débat au niveau du L'Assemblée nationale constituante (ANC). Devant cette polémique et les pressions continues de l'opposition, la "troïka" au pouvoir a élaboré une feuille de route portant organisation des élections générales le 23 juin prochain et un projet de loi portant création d'une instance indépendante chargée de superviser les élections qui a été soumis à l'Assemblée constituante pour examen. Lors du débat général, les membres de l'ANC ont souligné l'aspect positif du contenu du projet de loi portant création de cette instance relevant toutefois certaines lacunes et carences susceptibles de porter atteinte à son indépendance et à sa neutralité et demandé de bannir le principe des quotas politiques en vue de garantir la transparence et l'indépendance. Toutes les parties ont salué, par ailleurs, le transfert de l'opération électorale du ministère de l'intérieur à l'instance indépendante chargée de superviser les élections insistant sur la nécessité de respecter la liberté de l'électeur et des résultats du scrutin. Plusieurs formations politiques ont émis "l'espoir" qu'un "consensus puisse se dégager autour de la constitution, dans les meilleurs délais, d'un organe chargé des élections" loin des tiraillements politiques "afin que cet organe soit à même d'élaborer une stratégie et "réunir les conditions d'un climat électoral" auquel devraient adhérer tous les acteurs politiques "dans le but évident de parachever le projet de constitution, "première étape" qui doit précéder l'élection des nouvelles institutions et la fin de la période transitoire. L'Assemblée constituante avait entamé par le passé l'examen des principes généraux énoncés dans le projet de texte, qui prônent un Etat tunisien civil et un régime républicain, la liberté de religion, et garantissent la neutralité des maisons de culte. Le projet de constitution garantit également les droits de l'homme et les acquis réalisés dans ce domaine, et met l'accent sur l'impartialité politique de l'institution militaire chargée exclusivement de la défense de la Tunisie et de son intégrité territoriale. Les députés ont plaidé quant à eux en faveur de relations avec les états et les peuples basées sur la paix et la justice. Pour assurer au processus de transition davantage de sérénité, de larges débats ont été organisés à l'intérieur du pays autour du dossier inhérent à la "justice transitionnelle" avant d'être soumis au Gouvernement provisoire pour examen, ensuite à l'Assemblée constituante pour discussion. Ce dossier comporte également les concepts permettant de faire la lumière sur les crimes du régime déchu, la préservation de la mémoire, la réhabilitation des victimes, les instruments d'interpellation, l'élaboration de nouvelles lois contre la corruption et la répression pour éviter de commettre les mêmes dépassements et violations. Pour les observateurs, le Gouvernement tunisien aura à confronter de grands défis pour parachever sa transition démocratique, par l'adoption de l'instance suprême de supervision de l'appareil judiciaire et la création de l'organe suprême de l'information, l'objectif étant de garantir l'indépendance de ces deux secteurs et leur rôle majeur et sensible durant cette étape.