Le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag Bara, a affirmé samedi que l'intervention militaire au Mali était "inutile dans la conjoncture actuelle" et que l'internationalisation de cette question ne fera qu'"aggraver la situation". Invité de l'émission "Niqach El Ousbou" (débat de la semaine) de la chaîne I de la Radio nationale, M. Bara a indiqué qu'il était "nécessaire d'aboutir à un accord acceptable pour éviter le débordement de la crise malienne au-delà des frontières" soulignant la nécessité d'aider ce pays à élaborer une feuille de route en accord avec tous les acteurs à Bamako pour sortir de la crise politique". Il a estimé en outre que la communauté internationale doit faire la distinction, à l'instar des pays du champ, entre les groupes ayant des revendications politiques et avec lesquels on peut négocier et les groupes terroristes auxquels il faut faire face par des moyens de lutte antiterroriste et non pas par des moyens d'intervention, affirmant que l'Algérie faisait la différence entre une intervention militaire "inutile dans la conjoncture actuelle" et la lutte antiterroriste. M. Bara a souligné que la situation au Mali était "complexe" et la crise que traverse ce pays était "pluridimensionnelle" ajoutant que cette crise risque de déborder au-delà des frontières maliennes si les parties concernées ne parviennent pas à une solution politique. Il a souligné que la question du Mali "est une affaire interne et qu'il n'y avait pas lieu de l'internationaliser car les conditions d'un règlement au sein des pays du champ à travers les mécanismes existants (comité d'état-major conjoint -CEMOC- et l'unité fusion liaison -UFL-) existent. Le conseiller à la présidence de la République a mis l'accent sur la nécessité de faire la distinction entre les problématiques politiques et les groupes terroristes qui se sont renforcés par les rançons des otages et le trafic de drogues, ainsi que sur la nécessité d'apporter une aide au gouvernement de Bamako pour un accord dans le cadre d'un consensus national sur un plan de sortie de crise. Les musulmans ne vivent pas seuls au nord du Mali et les Touaregs ne vivent pas seulement au nord de ce pays, a-t-il dit, affirmant que "la question doit être traitée dans son contexte". L'invité de la chaîne I a relevé "deux points essentiels" de la crise au Mali, à savoir la crise politique à Bamako suite au coup d'Etat de mars 2012 qui a conduit à des conflits politiques internes et le contrôle par des groupes rebelles et terroristes des trois quart du nord du pays. S'agissant de la crise politique, M. Bara a indiqué que "les acteurs politiques doivent s'entendre sur un plan d'action pour sortir de cette situation provisoire et parvenir à une situation constitutionnelle acceptable". Concernant le deuxième point, il a estimé nécessaire de faire la distinction entre les rebelles qui constituent les groupes touaregs qui ont des revendications politiques (Ansar Eddine et le mouvement national pour la libération de l'Azawad-MNLA) et les groupes terroristes appartenant à l'organisation d'Al-Qaïda et les groupes de narcotrafiquants. "La préservation de l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali" est une ligne rouge pour l'ensemble de ces groupes, a-t-il souligné. La situation dans la région du Sahel "risque de restructurer la région au plan géostratégique du fait de plusieurs facteurs dont la crise au Mali, le trafic de drogues et la propagation des groupes terroristes", a-t-il ajouté. La vision de l'Algérie, même si elle est méconnue auprès de l'opinion publique, est claire à ce sujet, et repose sur le sentiment profond qu'elle éprouve du danger, et c'est ce qui l'a incité à affronter la situation au lendemain de la crise libyenne", a indiqué M. Bara. "L'intervention étrangère en Libye a éveillé la prise de conscience de l'Algérie quant au danger qui menace ses frontières, et fait en sorte qu'elle prenne "toutes les mesures de prévention", dont l'accueil des réfugiés et des blessés et la surveillance des groupuscules terroristes impliqués dans le trafic de la drogue", a-t-il souligné. L'Algérie avait pris ces mesures "avec des moyens techniques très sophistiqués" pour protéger ses frontières contre le danger terroriste, mais aussi peut prévenir le futur et réagir en conséquence", a précisé M. Bara. A propos de la position américaine vis-à-vis de la situation au Mali, le Conseiller à la présidence de la République a estimé que "les américains n'ont nullement le désir de rééditer les erreurs qu'ils avaient commises dans d'autres régions du monde, et s'estiment satisfaits des précautions prises par l'Algérie, de concert avec les pays du Champ, pour affronter les groupes terroristes liés à El Qaida et alliés au trafiquants de drogue". A ce propos, M. Bara a affirmé que l'Algérie est consciente du fait que "le Sahel est devenu le point de passage de dizaines de tonnes de cocaïne venant d'Amérique latine peut financer le terrorisme dans cette région", rappelant la coopération de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme "devenu un danger pour la société internationale toute entière". "Les pays voisins sont disposés à coopérer avec la communauté internationale pour faire face au terrorisme, tout en reconnaissant les droits légitimes de la population du Nord du Mali et en rejetant les visées séparatistes", a-t-il encore ajouté, avant de rappeler la réunion extraordinaire au sommet de la CEDEAO prévue dimanche à Abuja au Nigeria et qui doit entériner le plan sur lequel les Etats africains sont tombés d'accord. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sera représenté à ce sommet par Abdelkader Messahel ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, rappelle-t-on. Selon M. Bara, la thèse africaine est "acceptée" par plusieurs groupes de travail et qu'il appartenait maintenant aux Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et à d'autres pays influents y compris le représentant du secrétaire général de l'ONU au Mali Romano Prodi "de transmettre le message algérien qui repose sur la conviction du président de la République que "la solution réside dans la paix , et non dans la guerre", a-t-il souligné. En conclusion, M. Bara a souligné en réponse à une question relative aux otages algériens enlevés à Gao, au nord du Mali, que "l'Algérie ne ménage aucun effort pour leur libération".