Le militant anticolonialiste Raymond Hannon a été honoré samedi soir par l'Algérie pour ses "nobles actions" envers la cause nationale qu'il a épousée dès son jeune âge en adhérant au Front de libération nationale et en soutenant la lutte armée pour l'indépendance. Une attestation de reconnaissance ainsi qu'une médaille honorifique lui ont été remises, au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, par le Consul d'Algérie à Bobigny (Seine-Saint-Denis), M. Oualid Chérif, lors d'une cérémonie célébrant la double fête du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 et du cinquantenaire de l'indépendance nationale. Visiblement ému, l'ami de l'Algérie a fait part de sa " modeste contribution" à la lutte du peuple algérien pour son indépendance." C'était une guerre admirable qui a duré sept ans et demi. Je rends hommage aux centaines de milliers d'Algériens tombés au champ d'honneur ", a-t-il dit, devant un parterre composé essentiellement de responsables consulaires algériens en Ile de France, d'anciens moudjahidine, d'élus locaux, de représentants du mouvement associatif et de membres de la communauté nationale établie en Seine-Saint-Denis. Ancien membre du Parti communiste français, puis du FLN, Raymond Hannon (80 ans) a été chargé, en 1955, du ravitaillement en armes et chaussures du maquis de Meliana et du recrutement des jeunes combattants d'un certain niveau d'instruction. Arrêté en 1956 et torturé par la police française, il est incarcéré dans la prison Barberousse pendant trois ans avant d'être interné pendant 12 mois au camp de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, près de Médéa. De ce camp, il est expulsé ensuite en France (la Nièvre) avant d'être employé en tant que moniteur de colonies à la mairie de Nanterre. En 1960, il reprend le contact avec la Fédération de France du FLN pour renforcer les réseaux de "porteurs de valise", un combat anticolonialiste qu'il poursuit jusqu' à fin 1961. En retraite, Raymond Hannon vit actuellement avec sa femme. Infatigable, il milite toujours dans l'Association des Combattants de la Cause Anticoloniale (ACCA) et contre la réhabilitation de l'horreur colonialiste. Dans son allocution de circonstance, le Consul d'Algérie à Bobigny a rappelé qu'à l'instar de Pierre Chaulet, décédé en octobre dernier, de nombreux amis de l'Algérie s'étaient démarqués des positions officielles de la France coloniale, en se mettant à la disposition de la cause nationale. "C'est dire que le peuple algérien n'était pas tout seul dans le combat libérateur mais a bénéficié de la solidarité d'une partie du peuple français", a-t-il reconnu. Par ailleurs, dix-neuf anciens membres de la Fédération de France du FLN, établis en Seine-Saint-Denis, ont été honorés à cette occasion sur initiative du Consulat d'Algérie à Bobigny. Des diplômes d'honneur leur ont été remis en reconnaissance de leur contribution à la lutte de libération nationale.