L'Archiduc Louis Salvator de Habsbourg, prince impérial d'Autriche et grand-duc de Toscane (1847-1915), sera de retour, dès lundi à Béjaïa, pour hanter sa rade et ses monuments, qui l'ont tant fasciné de son vivant au point de lui consacrer une œuvre au titre évocateur de "Bougie, la perle de l'Afrique du Nord". Il y a 115 ans, jour pour jour, ce prince, devenu gouverneur de Prague à 19 ans, et réputé être le meilleur complice de l'inénarrable Sissi l'impératrice, de son vrai nom, Elisabeth Von Wittelsbach, échouait sur les côtes de Béjaïa, après une forte avarie des moteurs de son yacht "La Nixe-II". Mais au lieu de succomber au désespoir, il en profita pour découvrir la région dont il s'est épris passionnément, appréciant ses lumières, ses paysages, ses traditions et ses charmes. Et ce qui n'était qu'un accident de parcours, allait se transformer en séjour de détente, de contemplation et d'apprentissage de plusieurs mois. Il en est reparti, repu de bonheur, la tête et les bagages pétillants de belles choses à raconter et expliquer à ses concitoyens de Toscane, à mille lieux, de croire leur oreilles. En lui consacrant un ouvrage pour le moins élogieux, le prince, féru des voyages et des aventures scientifiques, apporta alors un "témoignage irremplaçable de ce qu'avait été la ville de Bejaia et sa région à la fin du 19eme siècle", selon Djamil Aissani, président de l'association universitaire, Gehimab, spécialisée en recherches historiographiques. Rédigée en allemand, l'œuvre, au-delà des commentaires, fourmillant au demeurant de détails inconnus même des spécialistes, a traité une myriade de thèmes aussi éclectiques que divers sur la sociologie, l'éducation, le patrimoine, matériel et immatériel de la région, etc., le tout illustré par des gravures et des images, aussi rares que chatoyantes. A l'évidence, il y a tout aimé, notamment ses rapports avec les populations locales, dont le mode de vie de son point de vue, étaient étrangement proche de celles de Majorque en Espagne. "Les gens sont amicaux et prévenants. J'ai été souvent frappé par la ressemblance de leurs ustensiles et de ceux de la population de Majorque. Ils mangent dans les mêmes plats, utilisent les mêmes cruches, la même batterie de cuisine, au point qu'on pourrait penser qu'il s'agit-là de la même population", a-t-il écrit. Aussi la célébration de cet anniversaire, va donner l'occasion, de revisiter, tout le travail que le prince a consenti à Bejaia, notamment grâce aux recherches menées par "l'Association des amis de l'Archiduc", basée à Majorque, et relayée ultérieurement par Géhimab. L'anniversaire va débuter avec un voyage à bord d'un yacht, "La Nixe-III", reconstitué expressément en Espagne et à bord duquel voyageront de nombreux spécialistes franco-espagnols et autrichiens. Le programme, comporte des séances de vernissage, des conférences-débats, des visites touristiques et des concerts de musique. De quoi replonger la ville de Béjaïa dans de nouvelles émotions, notamment après celles, vécues dans le sillage du festival international du théâtre. Le passage de l'Archiduc d'Autriche à Bejaia, en 1897, ressemble étrangement au séjour du président Portugais Texeira Gomez (1927), marqué par un même coup de coeur et une même passion pour la région et ses habitants, dont ils ont rendu compte dans leur œuvres littéraire. A la différence de Louis Salvator de Habsbourg, le président Texeira s'est éteint à Bejaia (1941), ayant fini ses jours en fréquentant assidûment le cimetière chrétien de la ville.