La chimie théorique et computationnelle est en plein développement en Algérie, ont relevé dimanche à Oran des chercheurs participant aux 10èmes journées dédiées à cette filière scientifique qui combine la chimie, les mathématiques et l'informatique pour l'interprétation des phénomènes expérimentaux. Cette filière est devenue aujourd'hui "incontournable" dans les sciences expérimentales, apportant des solutions dans divers domaines du secteur économique et industriel, a précisé M. Noureddine Tchouar, président de la rencontre qui réunit trois jours durant plus de 150 compétences algériennes et étrangères à l'Université des sciences et de la technologie Mohamed Boudiaf (USTO). "Ces journées scientifiques visent à mieux faire connaître l'importance de la chimie théorique et computationnelle auprès des secteurs utilisateurs, tels ceux versés dans la recherche pharmaceutique, biologique ou physique", a ajouté M. Tchouar, également doyen de la faculté des sciences de l'USTO. Il a expliqué que les avantages de cette spécialité résident notamment dans le fait qu'elle offre la possibilité de "vérifier la faisabilité d'une expérience scientifique jugée onéreuse ou risquée par le laboratoire concerné", sachant qu'avec des logiciels spécifiques, il est possible de modéliser et de simuler sur ordinateur une expérience visant, par exemple, à l'élaboration de molécules synthétiques d'intérêt pharmaceutique, agronomique ou pétrochimique. De son côté, le président du Réseau des chimistes théoriciens algériens (RCTA), M. Lotfi Belkhiri a mis l'accent sur l'intérêt grandissant de cette filière au sein de la communauté scientifique nationale qui compte, a-t-il recensé, près de 160 spécialistes reconnus dans ce domaine, soit le plus grand nombre à l'échelle du Maghreb. "Ce qui fait la force de la chimie théorique computationnelle c'est qu'elle peut s'injecter dans tous les domaines de la chimie, de la physique et de la biologie", a-t-il fait valoir, observant que cette filière est à l'interface des sciences des matériaux et des sciences de la vie. Le président de la RCTA, qui est également enseignant-chercheur à l'université de Constantine a fait savoir dans ce contexte que cet établissement compte une unité de recherche porteuse d'un projet sur la modélisation des éléments chimique dit lourds (actinides et lanthanides). Ce projet est mené dans la perspective de contribuer à la recherche fondamentale en matière d'énergie nucléaire, a expliqué M. Belkhiri signalant que cette initiative entre dans le cadre des Programmes nationaux de recherche (PNR) élaborés par la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique. L'importance de la chimie théorique a été également mise en relief par la présidente de la Société algérienne de chimie (SAC), Mme Safia Djebbar qui a indiqué que cette filière figure parmi les principales sections thématiques de son organisation. "Les acteurs économiques gagneraient à faire davantage confiance aux théoriciens algériens qui sont parfaitement capables de résoudre les problèmes qui se posent à l'échelle industrielle", a-t-elle estimé, soutenant encore que le recours à la modélisation permet d'éviter "la perte de temps et d'argent". Une vingtaine de spécialistes de la Belgique, la Finlande, la France, le Maroc et la Suisse participent aux travaux de cette rencontre.