La dernière édition du Recueil de données mondiales sur l'éducation de l'Unesco, révèle jeudi soir qu'il est urgent de s'attaquer au nombre élevé d'enfants qui redoublent et qui quittent l'école avant d'avoir achevé leurs études primaires ou un premier cycle de l'enseignement secondaire. Selon les nouvelles données de l'Institut de statistique de l'Unesco (ISU), dont l'APS a obtenue une copie, environ 32,2 millions d'élèves du primaire ont redoublé en 2010, et 31,2 millions d'élèves ont quitté l'école et n'y retourneront peut-être jamais. Le recueil en question présente un large éventail de données et d'indicateurs de l'ISU permettant de mieux identifier les millions d'enfants qui passent entre les mailles du filet des systèmes éducatifs et qui quittent l'école, souvent sans même savoir lire ou écrire. Le document révèle que trois régions ont des taux d'abandon dans le primaire particulièrement élevés. Il cite ainsi l'Afrique subsaharienne où 42% des élèves quittent l'école précocement, et un élève sur six quittant l'école avant la deuxième année de scolarisation. Vient ensuite l'Asie du Sud et de l'Ouest, où 33 élèves qui commencent l'école primaire sur 100, abandonnent avant d'avoir atteint la dernière année d'études primaires et enfin l'Amérique latine et les Caraïbes, où 17 % des élèves quittent l'école avant d'avoir achevé leurs études primaires. Le recueil met en évidence quelques signes encourageants, comme une baisse de 7 % du taux de redoublement mondial entre 2000 et 2010 alors que davantage d'enfants s'étaient inscrits dans le primaire, les taux de scolarisation ayant en effet augmenté de 6 % pendant la même période. Cependant, les taux de redoublement restent élevés dans de nombreux pays. Chaque enfant qui commence à aller à l'école aujourd'hui dans les Etats arabes, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne risque de redoubler une, voire plusieurs, fois. Dans des pays tels que le Burundi ou le Togo, un enfant qui commence à aller à l'école aujourd'hui peut passer deux ou trois années à redoubler une classe du primaire. Au Burundi, si les ressources consacrées aux redoublements étaient investies dans la scolarisation de nouveaux élèves, le produit intérieur brut (PIB) du pays pourrait progresser de 1,3 % par an, selon le recueil. Au niveau mondial, on a estimé que chaque année de scolarisation (sans redoublement) dont bénéficie un enfant peut faire progresser ses revenus personnels de 10 % et faire augmenter le PIB mondial de 0,37 % par an. En général, les filles sont moins susceptibles que les garçons d'être scolarisées mais les garçons courent un risque plus élevé que les filles de redoubler et de quitter l'école, selon le recueil. L'âge des élèves peut également constituer un facteur déterminant : les élèves en avance sont plus susceptibles de redoubler alors que les élèves en retard ont tendance à quitter l'école précocément. Cependant, selon les données, les facteurs les plus importants sont les revenus du ménage et la situation géographique, indique la même source. Les enfants pauvres qui vivent dans des régions rurales sont plus susceptibles de redoubler et de quitter l'école avant d'avoir achevé des études primaires et d'avoir acquis des compétences de base que les enfants citadins appartenant à des ménages aisés. ''D'un point de vue à la fois moral et économique, nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer ces constatations,'' note-t-on dans le recueil. ''D'ici à 2015, il ne reste plus que quelques années à la communauté internationale pour tenir ses engagements en matière de droit de tous les enfants à l'éducation primaire. Les données et le recueil montrent que les systèmes éducatifs accueillent davantage d'enfants mais qu'ils les perdent faute d'être suffisamment efficaces, ce qui se traduit par des redoublements et des abandons précoces'', ajoute-t-on. En 2010, 11,4 millions d'élèves ont redoublé une classe du primaire en Afrique subsaharienne, soit plus d'un tiers du total mondial. Les taux régionaux de redoublement ont légèrement baissé û ils sont passés de 11 à 9 % entre 2000 et 2010 û mais pendant cette période, les systèmes éducatifs ont peiné pour offrir une éducation à une population en âge d'être scolarisée en augmentation. Le recueil souligne que ces progrès sont particulièrement visibles au niveau national et indique qu'en 1999, 15 pays africains avaient des taux de redoublement supérieurs à 20 % , en 2009, ils n'étaient plus que 9. Il cite alors le cas du Cameroun, du Congo, de l'Ethiopie, de Madagascar, du Mozambique et du Rwanda ont fait baisser leurs taux de redoublement de plus de 10 points de pourcentage depuis 1999.