La stratégie de lutte contre l'épidémie du SIDA sera axée pour l'année 2013 sur la limitation de la transmission du virus de la mère vers l'enfant, en multipliant les campagnes de dépistage, a annoncé samedi à Alger le coordinateur du réseau associatif contre le SIDA (ANAA), le Dr. Scander Abdelkader Soufi. "La catégorie de femmes enceintes, porteuses du virus du SIDA est vulnérable et pour empêcher la transmission du virus vers l'enfant, le gouvernement, la société civile et les associations ont mis en place une stratégie de lutte contre l'infection chez le nouveau-né, à travers les campagnes de sensibilisation et de dépistage", a précisé le Dr. Soufi, lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le SIDA. "Certaines femmes enceintes ignorent leur atteinte par le rétrovirus et risquent de contaminer leurs enfants", a-t-il relevé, ajoutant que le réseau "ANAA", à travers un ensemble d'associations, appuyés par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, "ont décidé de prendre en charge ces femmes en les incitant à se faire dépister systématiquement et à suivre la trithérapie antirétroviral qui limite la contamination de l'enfant". Les différentes associations présentes lors de cette rencontre, ont plaidé pour l'"autonomisation financière" des sidéennes en proposant la création d'un réseau national de micro-crédit pour l'octroi de bourses aux femmes atteintes de cette affection virale. Le Dr. Soufi a rappelé, par la même occasion, que "pas moins de 6.000 femmes sont porteuses de ce syndrome de l'immunodéficience acquise et que leur nombre est tout aussi important que celui des hommes, comparativement aux années précédentes". Ce spécialiste impute la progression de la maladie chez les femmes à leur "vulnérabilité" sur le plan socioéconomique et à "l'absence d'éducation sexuelle", en raison, a-t-il dit, de "la récurrence et de la persistance des tabous". "Il est plus facile à un homme de parler de sexualité à son fils que pour une femme à sa fille", a-t-il indiqué. Le même responsable estime, à ce propos, qu'"il est temps que ce type de considération envers la gente féminine cesse en Algérie, soulignant que le jour où "on atteindra un degrés de tolérance, d'acceptation d'autrui et d'intégration des égalités homme-femme en impliquant toutes les populations de la société, la lutte contre la propagation du SIDA sera alors plus efficiente". Concernant la prévalence de la maladie, le nombre de Sidéens en Algérie est estimé autour de 7.000 malades, dont 550 nouveaux cas enregistrés en 2012. Ce chiffre est "sous-évalué", selon le Dr. Soufi qui avance un chiffre de22.000 Sidéens en Algérie. Une estimation qui s'avère, selon lui, "plus réaliste", du fait, a-t-il précisé, qu'"une grande partie de la population ignore qu'elle est infectée par le virus". Il a rappelé, dans ce sens, que les politiques internationales visent à réduire cet écart en adoptant le programme de "zéro transmission, zéro décès et zéro stigmatisation". De son côté, le président de l'association "solidarité Aids", Ahcène Boufenissa, a plaidé pour le renforcement du financement de la prise en charge des Sidéens par la recherche d'autres ressources, autres que le Fonds mondial de lutte contre le SIDA qui soutient davantage les pays à faibles revenus. Intervenant sur le même thème, la présidente de l'association algérienne d'alphabétisation, Mme Aicha Barki, a, quant à elle, insisté sur l'éducation des enfants, notamment en ce qui concerne "les modes de transmission et les bonnes pratiques à adopter lors d'un rapport sexuel". Le SIDA, appelé également "syndrome de l'immunodéficience acquise", est une maladie du système immunitaire dont les cellules sont détruites par un rétrovirus. Le virus infecte les lymphocytes T CD4+, principale cellule immunitaire. Ces cellules ne jouant plus leur rôle de barrière et de défense contre les corps étrangers, la personne contaminée par le rétrovirus peut être alors sujette à n'importe quelle infection opportuniste. Elle ne synthétisera pas d'anticorps et décédera au bout de quelques jours ou quelque mois en l'absence de traitement. La transmission de la maladie se fait principalement lors d'un rapport sexuel non protégé avec un Sidéen. Certaines personnes peuvent être atteintes du virus du SIDA, sans développer la maladie. Elles sont déclarées séropositives. Leur charge virale peut être réduite pendant plusieurs années sans manifester les signes de la maladie. Actuellement, il n'existe pas de vaccin, ni de traitement contre le virus du SIDA et la trithérapie composée de trois antirétrovirus ne fait que stopper la progression de la maladie. Une nouvelle catégorie de molécule, la quadrithérapie, contenant quatre antirétrovirus, a donné de bons résultats aux Etats Unis. Elle a moins d'effets secondaires, moins de contre-indications et elle est plus performante.