Pas moins de 12.000 femmes sont porteuses du virus du sida. Le nombre de personnes porteuses de virus du sida ne cesse d'augmenter en Algérie. «Au moins 600 nouvelles contaminations ont été recensées durant les 9 premiers mois l'année 2010» selon le Dr Skander Soufi, président de l'Association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et de promotion de la santé, «Anis». Intervenant, hier lors d'une conférence de presse organisée au forum El Moudjahid, à Alger, le Dr Skander a tiré la sonnette d'alarme concernant le nombre de femmes sidéennes. Il a affirmé que «pas moins de 12.000 femmes sont porteuses du virus VIH /Sida», tout en mettant en exergue que près de 4% de prostituées sont porteuses de virus. L'intervenant a souligné que l'Algérie est à faible prévalence en matière de personnes porteuses du virus VIH /Sida. «Près de 0,1% de la population sont porteurs de virus», a-t-il précisé, avant de noter que 4745 de personnes sont porteuses du virus du sida tandis que près de 1118 sont des cas confirmés. Dans le même sillage, le Dr Skander a également affirmé que «30 à 40% des usagers de la drogue injective sont porteurs de virus». S'agissant des causes de la transmission de cette maladie dangereuse et mortelle, le conférencier a évoqué l'immigration subsaharienne à l'origine de certaines contaminations en Algérie. L'intervenant a sur un autre plan indiqué qu'une campagne nationale pour la protection des femmes et des enfants sera lancée à partir de décembre 2010. S'agissant du choix de la wilaya de Ghardaïa pour le coup d'envoi de cette campagne, dont les activités s'étaleront sur une année à travers l'ensemble du territoire national, le Dr Soufi a assuré qu'il est «loin d'être fortuit». Il a relevé également que «l'accès à l'information des femmes concernant la santé sexuelle est très limité dans notre société (qui reste) conservatrice», précisant que le choix de la wilaya de Ghardaïa «vise à casser le tabou». Il a souligné que la contamination par le virus HIV «ne concerne pas uniquement les femmes marginalisées et les travailleuses du sexe, mais aussi les femmes au foyer». Beaucoup de mères de famille apprennent leur maladie après le décès de leur conjoint, a-t-il dit, ajoutant qu'elles se retrouvent ainsi «veuves, malades et stigmatisées». Il a, par ailleurs, relevé que seulement 8% des femmes vivant avec le sida ont accès aux services de prévention de la transmission du HIV de mère à enfant. «Elles n'ont tout simplement pas accès à ce service qui peut protéger leurs enfants de la maladie parce qu'elles ignorent son existence», a-t-il regretté, ajoutant que cette situation favorise l'augmentation du nombre d'enfants atteints. Le Dr Soufi a, en outre, indiqué que le travail du réseau universitaire de l'association «Anis» a révélé que des étudiants domiciliés dans des résidences universitaires représentent en Algérie un des groupes les «plus exposés», après les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues injectables et les homosexuels. S'agissant de la prise en charge des personnes vivant avec le HIV, le Dr Soufi a affirmé que le ministère du Travail étudie la proposition de l'association pour le classement du sida comme une maladie chronique. «Les personnes atteintes du sida se comptent en quelques milliers seulement et le classement de l'affection comme maladie chronique ne constituera donc pas un fardeau pour la Sécurité sociale», a-t-il estimé. Il a reconnu, à ce propos, que la prise en charge des personnes atteintes du HIV connaît des insuffisances, notamment en matière de disponibilité de médicaments et de remboursement par la sécurité sociale.