Les pouvoirs publics, et notamment le ministère de la Santé, devraient légiférer le test médical prénuptial étant donné que 23% des contaminations sidéennes se font dans le contexte familial. De nombreux sidéens ont transmis le virus à leurs conjoints et par là même à leurs enfants en cachant la maladie ou en refusant de se faire dépister. C'est le message fort qu'a tenu transmettre le docteur Djamel Eddine Oulmane, responsable de la communication à l'Institut national de la santé publique, s'exprimant hier dans une déclaration au Temps d'Algérie. «Les tests prénuptiaux sont actuellement conseillés avant le mariage, mais devraient être obligatoires pour éviter la transmission du sida de la mère à l'enfant», nous a déclaré le Dr Oulmane. A ce propos, il aurait souhaité que les journées de sensibilisation sur cette maladie infectieuse s'inscrivent dans la durée et ne soit pas conjoncturelle. «Le sida infecte des milliers de personnes par jour et durant toute l'année, d'où la nécessité de multiplier les actions anti-sida et de rappeler constamment les précautions à prendre pour éviter la contamination, surtout à l'approche des vacances qui correspond aux premiers flirts des adolescents», insiste le Dr Oulmane. Pour concrétiser les dégâts liés à ce fléau, on parle de 40 millions de sidéens dans le monde et 60 millions de contaminations depuis l'apparition du virus en 1980, dont 25 millions en sont mortes. 3 millions de victimes chaque année, dont 70% en Afrique subsaharienne, ce sont la les derniers chiffres relatifs au sida. Il est également important de mettre l'accent sur le nombre d'orphelins victimes de cette maladie chaque année et qui sont 1,5 million. C'est justement l'argument qu'utilise les médecins pour rendre obligatoires les bilans sanguins avant le mariage, car au-delà des libertés individuelles qui pourraient être heurtées, ces tests s'avèrent d'une grande utilité en matière de santé publique. Les mères sidéennes et séropositives continuent de transmettre la maladie à leur enfant en refusant de se faire soigner et de déclarer leur maladie, faisant davantage de victimes. En Algérie, le nombre de sidéens est estimé à 30 000, alors que les organismes de statistiques et de prospection annonce le chiffre de 5 000 cas. La différence entre les deux chiffres réside dans le fait que beaucoup d'Algériens sont des sidéens qui s'ignorent. Beaucoup de séropositifs ne le savent pas, hésitent à consulter un spécialiste et continuent de propager la maladie sans le savoir. Selon des paramètres économiques et sociaux, des équipes médicales, qui ont effectué un travail de prospection, ont pu mettre en avant le chiffre de 30 000 sidéens en Algérie. «Un algérien sur 1 000 est touché par le virus du sida en Algérie, avec des milliers de sidéens qui s'ignorent, qui transmettront à leur tour le virus d'où justement la gravité du problème et la contagion devient exponentiel», alerte le Dr Oulmane. Sidéens et séropositif En plus du caractère «mortel» du sida, c'est également une maladie insidieuse du fait qu'elle peut dans certains cas se développer très lentement sans alerter le porteur du virus. Ce dernier présente une charge virale très réduite et peut vivre des années sans manifester aucun signe de cette maladie. Le virus est dans ce cas de figure en «dormance» et le système immunitaire du contaminé est toujours fonctionnel. Cela dit, le passage à l'étape «sida» est incontournable, de manière imminente ou pas, le séropositif développera dans tous les cas la maladie. Les défenses du sidéen se détérioreront de jour en jour et ce dernier peut succomber à n'importe quelle maladie dite «opportuniste», même si la maladie en elle-même n'est pas mortelle en somme. Notre interlocuteur insistera, d'ailleurs, sur l'impératif de se diriger vers les centres de dépistage en cas de doute lors d'une relation sexuelle non protégée ou d'un quelconque contact avec un objet incisif ayant servi au préalable et non stérilisé. A ce sujet, il est essentiel de rappeler que la voie de contamination la plus courante est la transmission sexuelle lors de rapports non protégés. L'infection par voie sanguine est très rare, le virus étant très fragile en dehors d'un hôte vertébré, il est facilement détruit par la chaleur et les détergents. La transmission mère/enfant est aussi très courante et une mère sidéenne qui n'est pas prise en charge transmettra le virus à hauteur de 30%. Une femme enceinte, par contre, si elle est traitée a moins de risque de contaminer son enfant et les risques sont uniquement de 5%. L'allaitement de l'enfant pour les femmes porteuses du virus du sida est déconseillé car le virus passe dans le lait de la maman et sera véhiculé forcément à l'enfant. Traitement et prévention Jusqu'à ce jour, il n'existe pas encore de traitement efficace contre le sida et malgré les progrès scientifiques, la maladie ne peut être totalement soignée. En effet, la trithérapie ne permet que de ralentir la prolifération du virus et de faire gagner quelques années aux malades. «Les jeunes croient faussement et en raison de la désinformation et des tabous qui entourent la sexualité en Algérie que la trithérapie élimine le virus et ont tendance à se laisser aller et manquer de vigilance en oubliant le port du préservatif lors de leurs actes sexuels», indique le Dr Oulmane. Pour lui, la prévention reste le seul moyen de se prémunir contre le sida. «L'abstinence sexuelle étant totalement absurde et ridicule, car un être humain normalement constitué a des besoins sexuels à partir de 18 ans, et le fait de refouler ne conduit qu'à la perversion, il est donc judicieux de généraliser la vente du préservatif et d'introduire l'éducation sexuel à l'école», préconise le Dr Oulmane.