La régulation dans le secteur de l'audiovisuel, une idée "encore neuve" dans beaucoup de pays, constitue la "forme moderne" de l'intervention de l'Etat, a indiqué samedi à Alger l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en France, Hervé Bourges. "La régulation constitue la forme moderne de l'intervention de l'Etat, à mi-chemin entre les autorités publiques, les opérateurs et le grand public", a-t-il affirmé dans une communication lors d'un séminaire sur l'audiovisuel. Pour ce diplômé de l'école supérieure du journalisme de Lille (France), la régulation se résume en quatre mots : "la médiation, la concertation, l'adaptation et l'indépendance". Il a précisé que la régulation "garantit l'indépendance des médias vis-à-vis de l'ensemble des pouvoirs, sans pour autant qu'ils puissent se considérer hors de tout droit". Evoquant l'expérience française où le Conseil supérieur de l'audiovisuel régule le développement des médias depuis 23 ans, il a expliqué que l'un des actes fondateurs de la régulation dans ce pays "consiste en la rupture du lien ombilical entre la télévision publique et le gouvernement". Il a, toutefois, noté une "régression" dans ce domaine, dans la mesure où la loi sur la liberté de la communication de mars 2009 "a privé le CSA en France du pouvoir de nomination des dirigeants des chaînes publiques, qui est aujourd'hui du ressort du président de la République, a-t-il expliqué. M. Bourges qui a occupé plusieurs postes de responsabilité au niveau des médias audiovisuels français et qui a réalisé des ouvrages et films documentaires sur l'Algérie, a estimé que la régulation constitue une garantie pour que "la liberté nouvelle de l'ère de l'information, celle de communiquer, ne soit pas remise en cause". Il a notamment insisté sur la préservation de la télévision publique, du fait de sa mission, estimant que les télévisions privées "racolent les téléspectateurs" et "cèdent à la dictature de l'argent". Pour ce qui est de l'Algérie, M. Bourges a appelé à "libérer les initiatives, ouvrir la voie à des activités nouvelles créatrices de richesses et d'emplois, et insuffler plus de dynamisme dans les secteurs les plus innovants". De son côté, Belkacem Mostfaoui, professeur à l'école supérieure du journalisme et des sciences de l'information à l'université d'Alger, a noté que l'Algérie a accusé du "retard" en ce qui concerne l'ouverture de l'audiovisuel, après l'ouverture de 1990, ponctuée par la promulgation de la loi sur l'information. Il a, ainsi, relevé un foisonnement de titres périodiques et quotidiens, au moment où la Radio et la Télévision "sont restées fermées, en dépit des efforts de ces deux médias", a-t-il observé. Le même intervenant a, en outre, qualifié de "souk" les nouvelles chaînes privées de télévision, appelant à une "réflexion profonde sur le contenu de de leurs programmes. M. Mostfaoui a recommandé une production "qui se rapproche de la réalité algérienne, car, a-t-il souligné, les médias produisent des "valeurs symboliques et de divertissement". Il a également insisté sur l'existence d'une télévision "de droit public", qui doit être "construite" en tenant compte des "aspirations et des attentes des Algériens".